M. André Azoulay, Conseiller de Sa Majesté le Roi, a mis en exergue, lundi soir à Montréal, les liens séculaires entre l'Islam et le Judaïsme au Maroc, ainsi que la singularité et la richesse de l'identité plurielle marocaine, nourrie et forgée par la convergence de ses différents affluents et composantes.
M. Azoulay, qui intervenait lors d'une conférence sous le thème "le Maroc, une autre histoire pour un autre futur en terre d'Islam", organisée par l'Association "Mémoires et Dialogue", a souligné que le Maroc est "riche d'une grande histoire juive", enrichie par le partage, l'échange et le contact naturel et permanent depuis des siècles entre imams et rabbins, ajoutant qu'"au delà du lien du sol, les juifs marocains, là où ils sont présents, se réclament de leur attachement au Royaume et se revendiquent de cette fidélité à leur identité, leur héritage et leur culture marocaines".
Devant un aréopage de personnalités issues de divers horizons, M. Azoulay a insisté sur cette "exception marocaine", tout en déclarant sa fierté de partager sa Marocanité, riche d'une grande diversité "voulue et assumée", et d'être à la fois arabe, berbère et juif, "en ces temps de recul collectif, de repli identitaire et d'archaïsme qui minent la communauté des Nations", rappelant que l'Islam et le Judaïsme ont coexisté plus d'un millénaire dans le Royaume, et se sont enrichis, nourris, modelés et façonnés mutuellement.
Dans ce sens, il a indiqué que le Marocain de confession juive n'a aucune "frilosité ou état d'âme" quand il se revendique de son identité ou de ses racines marocaines, soutenant que personne ne peut nier les différentes facettes de l'identité marocaine ou ignorer cette diversité, altérité et complexité qui caractérisent la société marocaine.
Il a, à ce propos, rappelé que l'aide au peuple juif pendant la seconde guerre mondiale est venue du Maroc en premier lieu, avant que d'autres pays comme la Tunisie et la Turquie ne lui emboîtent le pas, ajoutant que durant la période de l'inquisition, les familles juives ont aussi trouvé refuge auprès des familles marocaines musulmanes.
Le Conseiller du Souverain a saisi également l'occasion pour mettre en relief la teneur de la Constitution de 2011, qui est "la seule au monde" à dire que l'histoire d'un pays a été écrite par la contribution de l'identité berbère, de la grande civilisation arabo-musulmane, la civilisation juive, et des divers autres affluents, notamment andalous et africain, précisant que "nous sommes aujourd'hui devant une réalité consensuelle au niveau national qui a trouvé sa traduction dans le vote massif des Marocains en faveur de cette nouvelle Loi fondamentale".
Selon M. Azoulay, cette "réalité constitutionnelle", qui est inscrite dans la Loi fondamentale du Royaume, constitue une "percée exceptionnelle de la modernité sociale" réalisée par les Marocains qui, par ce long parcours, ont fait triompher "l'irréfragabilité" de l'histoire du Royaume afin de "ne pas ignorer, marginaliser ou stigmatiser le Maroc dans l'une de ses composantes" et résister ainsi à toute forme de manipulation ou d'instrumentalisation.
Et le Conseiller de SM le Roi de conclure qu'"il est du devoir de chacun de nous d'agir et de participer pour préserver et pérenniser cette dynamique" et de mobiliser les générations montantes pour "résister à l'amnésie des uns et aux tentations des autres".
De son côté, l'ambassadeur du Maroc à Ottawa, Mme Nouzha Chekrouni a souligné la particularité du Maroc, "terre de tolérance et de dialogue intercommunautaire", relevant que "dans un contexte régional caractérisé par les déchirements et les incertitudes, et face aux risques de repli identitaire et les fractures civilisationnelles, on ne peut qu'être fier de notre appartenance au Maroc, dont la diversité culturelle et spirituelle constitue un atout majeur et dont l'attachement aux valeurs d'ouverture, de tolérance et de dialogue lui confère singularité et reconnaissance".
Elle a affirmé, dans ce sens, que le Maroc, "attaché à son histoire, son unité nationale et son intégrité territoriale, sous la conduite ingénieuse d'un Roi fédérateur, engagé dans la démocratie et la modernité", s'est attelé à son développement économique, politique et social, ainsi qu'à une modernisation profonde de ses structures à tous les niveaux et ce, dans le respect de son identité nationale fondée sur l'unité et le pluralisme.
Mme Chekrouni a rappelé que l'histoire du Royaume, caractérisée par la coexistence et la cohabitation entre les Marocains de différentes origines et confessions, a vu sa consécration dans la Constitution de 2011 qui a confirmé cette philosophie du Maroc, fier de ses afflux musulman, juif, berbère, arabe et saharo-hassani, nourri de ses affluents africain, andalou et méditerranéen, une richesse indéniable et gage de l'ouverture de la société marocaine.
La diplomate marocaine a, en outre, soutenu que sous l'impulsion de SM le Roi Mohammed VI, le Maroc a réalisé d'importantes avancées, indiquant que ces acquis, qui constituent le socle de sa stabilité, lui permettent de faire face aux nouveaux défis auxquels est exposée la communauté internationale, notamment l'extrémisme religieux et le terrorisme, et d'appréhender sereinement son futur pour le bien-être et la prospérité de ses citoyens.
Mme Chekrouni, qui a précisé que la communauté marocaine au Canada constitue "un trait d'union solide" entre son pays d'origine et son pays d'adoption, a conclu que le Maroc est fier de cette communauté aussi bien musulmane que juive, qui représente la résultante d'un flux d'immigration de qualité, une particularité et une vertu lui permettant de bien s'intégrer dans le pays d'accueil et de participer activement à sa réussite et à sa richesse identitaire.
16 juin 2015
Source : MAP