Face à la migration, l'Europe doit offrir des services de mobilités et mettre en place des systèmes de visas plutôt que de mener des politiques de prohibition, selon François Crépeau, rapporteur de l'ONU.
Pour François Crépeau, il faut créer des systèmes qui incitent les migrants à respecter les conditions des visas: "On pourrait imaginer un visa valable cinq ans qui permettent cinq entrées à l'intérieur de l'Union européenne, que les migrants pourraient acheter pour 200 euros dans une ambassade", a-t-il proposé mardi sur les ondes de la RTS.
Cette solution permettrait, selon lui, de réguler le flux migratoire: "Si (les réfugiés) trouvent un emploi, leur visa est transformé en permis de travail. Dans le cas contraire, soit ils restent en Europe clandestinement et perdent tous les avantages du visa, soit ils rentrent chez eux pour réorganiser leur CV durant 8 mois".
Des services de mobilité pour mieux contrôler
Le deuxième point avancé par le rapporteur de l'ONU est celui de la mobilité: "Dans les années 1950 et 1960, des millions de Nord-Africains sont entrés en Europe pour occuper des places de travail (...) Ils achetaient un billet de traversée à Alger ou à Izmir (en Turquie)... La mobilité était la règle et il n'y avait pas de morts en mer (...) Offrons des services de mobilité et nous contrôlerons beaucoup mieux les frontières".
Et de donner l'exemple de l'Angleterre et de l'Irlande: "Après l'élargissement de l'Union européenne en 2005, 1,5 million de personnes du centre de l'Europe sont entrés dans ces deux pays (...) Lorsque la crise a frappé entre 2008 et 2010, les deux tiers d'entre elles sont parties ailleurs, ayant acquis des compétences transférables telles que la connaissance de l'anglais".
3000 réfugiés syriens en Suisse par année
François Crépeau propose également que les pays du nord - Etats-Unis et Océanie inclus - accueillent au moins un million de réfugiés syriens durant les cinq prochaines années: "Cela représente 200'000 personnes par an, réparties dans 32 pays d'un total de 850 millions habitants, assure-t-il. Pour la Suisse, cela correspond à environ 3000 Syriens par année, ce qui est totalement gérable".
Source : rts.ch