Le gouvernement hongrois opte pour la manière forte face à l’afflux sur son sol de migrants passés par la Serbie. Le ministre des affaires étrangères a ainsi annoncé, mercredi 17 juin, la fermeture de sa frontière avec Belgrade et le début de travaux de construction d’une clôture de 4 mètres de haut sur les 175 km de frontière entre les deux pays.
« Les travaux préparatoires pour la clôture doivent être achevés d’ici à mercredi [24 juin] », a souligné le ministre. Le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic, s’est dit « surpris et choquée » par cette décision. « La solution n'est pas de dresser des murs. La Serbie ne peut pas être responsable de la situation créée par les migrants, nous ne sommes qu'un pays de transit. La Serbie est-elle responsable de la crise en Syrie ? », s'est interrogé M. Vucic.
Le premier ministre, le conservateur Viktor Orban, avait évoqué dès vendredi la possibilité d’une « fermeture complète » de la frontière avec la Serbie, par où transite la quasi-totalité des migrants arrivant dans le pays.
54 000 réfugiés depuis janvier
Le nombre de réfugiés entrant en Hongrie a bondi de 2 000 au total en 2012 à 54 000 depuis janvier de cette année. Selon Eurostat, ce pays d’Europe centrale est celui de l’UE, après la Suède, qui accueille, proportionnellement à sa population, le plus grand nombre de réfugiés.
Selon le gouvernement de M. Orban, 95 % d’entre eux pénétreraient dans le pays par sa frontière avec la Serbie, qui n’est pas membre de l’UE, et 75 % viendraient de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan, pour en fuir les combats. En janvier et en février, la Hongrie a également vu l’arrivée de milliers de Kosovars poussés à l’exode par la situation économique.
« Cette décision ne contrevient à aucun traité international, d’autres pays ont opté pour la même solution », a souligné le ministre des affaires étrangères, citant la Bulgarie, la Grèce, et l’Espagne pour ses enclaves en Afrique du Nord.
« De tous les pays de l’Union européenne, la Hongrie est celui qui subit la plus forte pression migratoire. Une réponse commune de l’UE à ce défi prend trop de temps et la Hongrie ne peut plus attendre. Elle doit agir. »
Un questionnaire polémique
Depuis son arrivée au pouvoir, en 2010, M. Orban a engagé des réformes profondes de la justice, des médias et de l’économie, réformes qui ont été jugées liberticides par l’opposition et largement critiquées à l’étranger.
Le gouvernement avait notamment envoyé à la population, en mai, un questionnaire sur le traitement que le pays devait réserver aux migrants clandestins. Il y était demandé aux Hongrois s’ils préféraient que les immigrants clandestins soient placés en détention ou s’ils devaient être expulsés immédiatement. Une autre question portait sur le fait de savoir si les demandeurs d’asile devaient être contraints de travailler pour couvrir leurs frais d’hébergement. L’initiative de Budapest avait été condamnée par le Parlement européen.
17.06.2015
Source : lemonde.fr