Le président kényan a ordonné jeudi à la Banque centrale de réglementer l'activité du secteur des entreprises de transferts de fonds vers la Somalie, un préalable à la reprise de leurs opérations suspendues depuis l'attaque de l'université de Garissa en avril par les shebab somaliens.
L'attaque de Garissa (nord-est du Kenya) avait fait 148 morts, dont 142 étudiants, le 2 avril. Les autorités kényanes avaient dans la foulée ordonné le gel des comptes bancaires de 85 personnes ou entités soupçonnées de liens avec les shebab, dont les entreprises de transfert d'argent, ainsi que des ONG, les empêchant de facto d'opérer.
Cette mesure avait été décriée par des ONG et une population somalienne s'estimant victime d'une "punition collective". Une importante communauté somalienne vit au Kenya et, faute de système bancaire en Somalie, ces entreprises lui sont indispensables pour envoyer des fonds vitaux à leurs proches restés dans leur pays, livré au chaos depuis plus de vingt ans.
Dans un communiqué publié à l'occasion du début du mois saint de Ramadan, le président Uhuru Kenyatta dit avoir "donné instruction à la Banque centrale du Kenya d'édicter une réglementation sur les opérations" des entreprises de transferts d'argent, qui permettront "de lever leur suspension".
Treize entreprises de transferts de fonds sont concernées. Aucune date pour la reprise de leurs activités n'a été mentionnée.
Chaque année, la diaspora somalienne du monde entier envoie environ 1,1 milliard de dollars dans le pays de la Corne de l'Afrique, un montant largement supérieur à l'aide internationale.
A l'occasion du Ramadan, au cours duquel les shebab intensifient généralement leurs attaques, M. Kenyatta a aussi appelé les musulmans "à rester vigilants, et à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour coopérer pleinement avec les agences de sécurité".
Affiliés à Al-Qaïda, les shebab ont multiplié les attentats au Kenya depuis que le pays a envoyé fin 2011 un contingent militaire les combattre dans le sud somalien. Le Kenya partage une longue et poreuse frontière avec la Somalie.
18 juin 2015
Source : AFP