La Première ministre du Danemark, Helle Thorning-Schmidt a concédé la défaite aux élections législatives de jeudi ouvrant la voie au retour aux affaires de l'opposition de droite à la faveur d'une importance percée de la formation anti-immigration.
Selon les résultats définitifs, l'opposition emmenée par le leader du parti libéral, Lars Lokke Rasmus, a remporté 90 sièges contre 89 pour le bloc de gauche conduit par Mme Thorning-shmidt.
''Nous n'avons pas gagné les élections'', a admis devant les militants de son parti social-démocrate celle qui était, il y a quatre ans, la première femme de l'histoire du pays scandinave à devenir chef du gouvernement.
Et d'ajouter: ''Demain j'irai voir la reine pour lui dire que le gouvernement démissionne. C'est maintenant à Lars Lokke Rasmussen d'essayer de former un gouvernement'', a ajouté Mme Thorning-Shmidt tout en annonçant également sa démission de la présidence du parti social-démocrate après un mandat 10 ans.
Le Parti populaire danois (DF), formation xénophobe et eurosceptique, allié du parti Libéral, sort, lui, grand vainqueur de ce scrutin avec 37 sièges, soit 15 de plus par rapport à 2011.
Fondé en 1995 sur fond des critiques vis-à-vis de la politique migratoire jugée trop laxiste, le DF a capitalisé sur sa victoire aux européennes de 2014 mettant parfaitement à profit la désaffection de l'électorat à l'égard des partis traditionnels et une montée du sentiment anti-immigrés.
Outre l'économie et les dépenses soutenant le généreux système de protection sociale danois, l'immigration, un thème qui occupe le devant de la scène politique depuis les années 90, a été encore une fois un sujet dominant tout au long de la campagne électorale.
Sur fond d'inquiétudes vis-à-vis du flux des réfugiés en provenance notamment de Syrie, un Danois sur cinq ont dit vouloir voter pour le parti d'extrême droite qui a promis de resserrer encore la législation anti-immigration, déjà l'une des plus restrictives d'Europe, et instaurer un contrôle aux frontières.
La droite a constamment fustigé la politique migratoire du gouvernement de centre-gauche au pouvoir depuis 2011 pour avoir, selon elle, conduit à une augmentation des flux de réfugiés.
Le leader du parti libéral, qui était chef de gouvernement de 2009 à 2011, aura la tâche de constituer un nouveau gouvernement.
Les maîtres mots de sa campagne électorale : la croissance, le renforcement de l'Etat providence au profit des Danois et la fin des ''allégements'' en matière d'immigration.
''Mon objectif est de soutenir la croissance, la prospérité et le bien-être pour le Danemark'', a-t-il promis, lançant une attaque en règle contre la politique migratoire de la gauche qu'il accuse d'avoir failli à protéger le pays contre le flux des réfugiés et des demandeurs d'asile.
''50 pc d'immigrés non-occidentaux dépendent des allocations sociales'', avance-il usant comme son allié, le DF, d'un discours acerbe, voire xénophobe, envers les étrangers notamment les musulmans.
Autre engagement du leader du parti libéral, la réduction de l'aide au développement alors que le pays scandinave figure parmi quelques Etats au monde à remplir la cible convenue par l'ONU d'octroyer au moins 0,7 pc du PIB au soutien des pays pauvres.
Au Danemark, monarchie constitutionnelle de 5,7 millions d'habitants, le parlement monocaméral est constitué de 179 députés, dont quatre représentant les îles Féroé et le Groenland, territoires autonomes attachées au pays nordique.
Les partis sont représentés au Parlement à la proportionnelle. Les gouvernements danois sont souvent constitués par des coalitions souvent minoritaires avec le soutien d'un ou plusieurs partis.
18 juin 2015
Source : MAP