samedi 23 novembre 2024 22:43

Immigration : pour en finir avec 5 idées reçues

"La France accueille plus d'immigrés que ses voisins", "les immigrés n'ont aucune qualification"... Retour sur cinq idées reçues en cinq infographies.

"Canalisation qui explose", "misère du monde"... En matière d'immigration, les idées reçues sont d'autant plus nombreuses qu'elles sont régulièrement alimentées par les discours politiques. Quelle est la part réelle d'immigrés dans la population française ? La France est-elle vraiment un des premiers Etats d'Europe à accueillir les migrants ? Réponses à quelques a priori en infographie.

1. "La France est envahie par les immigrés"

En 2011, selon le recensement de l'Insee, les immigrés (personnes nées à l'étranger mais résidant en France, qui peuvent être de nationalité française) représentaient 8,4% de la population française et les étrangers (personnes résidant en France - et qui ont pu y naître - sans en posséder la nationalité) 5,8%. Soit, en cumulé, 14,2% de l'ensemble de la population, c'est-à-dire un total de 9.266.961 personnes sur un peu plus de 65 millions d'habitants. 

Depuis 1982, la part d’immigrés sur l’ensemble de la population a donc augmenté de 1,2% (passant de 7,2% à 8,4%) tandis que la part d’étrangers a un peu moins diminué (passant de 6,3% à 5,8%). Selon l'Insee, entre 2004 et 2012, la population immigrée a augmenté d'environ 90.000 personnes par an, pour aboutir à un total de 5,8 millions d'immigrés début 2013.

On est donc bien loin de la théorie du grand remplacement brandie régulièrement par l'extrême droite. 

2. "La France est l'un des premiers pays d'accueil des demandeurs d'asile"

En 2014, la moyenne d'acceptation de demandes d'asile au sein de l'Union européenne s'élève à 45,2%. Avec ses 14.905 demandes acceptées sur un total de 68.535 décisions rendues, la France affiche pour sa part un taux d'acceptation de 21,7%, bien inférieur à celui de nombreux voisins européens. 
L'hexagone est en effet loin derrière certains pays, aussi bien en terme de demandes reçues (202.645 pour l'Allemagne) que d'acceptation (76,8% pour la Suède ou encore 58,4% pour l'Italie). Mais aussi devant de bien plus mauvais élèves, comme la Grèce (1.970 acceptations sur 13.305 décisions rendues).

 3. "Les migrants en situation irrégulière sont de plus en plus nombreux à s'installer en France"

La tendance observée ces deux dernières années témoigne au contraire d'une augmentation du nombre de départs de migrants en situation irrégulière en France vers l'étranger. 

Les départs spontanés se sont en effet considérablement multipliés, comme en témoigne la hausse de 41,3% entre 2013 et 2014. 

En cumulé avec les éloignements forcés et spontanés, les départs annuels restent donc stables, avec une légère hausse (de presque 2%) sur un an : les sorties du territoire s'élevaient ainsi à 27.606 personnes en 2014, contre 27.081 personnes en situation irrégulière l'année précédente.

Un phénomène de migration qui s'explique notamment par le fait que de nombreux migrants passent seulement en transit par la France, afin de rejoindre d'autres pays européens, comme l'Allemagne ou la Suède. 

4. "L'immigration coûte plus qu'elle ne rapporte"

Cette affirmation prête à débattre depuis des années, et ne devrait pas trouver de réponse définitive sous peu puisqu'il est très difficile de quantifier les apports financiers de l'immigration. Elle aurait ainsi rapporté près de 3,2 milliards d'euros à l'Etat en 2005 selon une étude, mais coûterait 5 à 10 milliards d'euros d'après un autre rapport.

En revanche, le coût de la politique européenne de lutte contre l'immigration clandestine est bien connu. Il s'élève, depuis 2000, à 11,3 milliards d'euros pour les seules reconduites à la frontière d'immigrés illégaux et à 1,6 milliard d'euros pour assurer la protection aux frontières en question, selon l'enquête d'un consortium de journalistes européens. 

5. "Les immigrés n'ont aucune qualification"

Là encore, l'idée reçue selon laquelle les migrants seraient des travailleurs non qualifiés, donc potentiellement peu susceptibles d'apporter de la richesse à leur pays d'accueil, est mise à mal par les statistiques de l'Insee.

Ainsi, 63% des immigrés arrivés en France en 2012 étaient titulaires d'un diplôme équivalent au baccalauréat et 39% de ces nouveaux arrivés disposaient d'un diplôme supérieur. Des statistiques en hausse depuis 2004. 

Entre 2004 et 2012, la part d'immigrés titulaires d'un diplôme au moins équivalent au bac a en effet augmenté de 7 points. Bien que la majeure partie de ces immigrés aux grandes qualifications provienne d'Amérique ou d'Asie, certains sont aussi originaires d'Afrique.

L'Insee précise ainsi qu'à eux seuls, les migrants venus d'Afrique représentent "42 % de la progression depuis 2009 : la part des plus diplômés augmente de 5 points pour les Marocains et de 4 points pour les Tunisiens".

22-06-2015, Alexis Orsini

Source : nouvelobs.com

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