Le Parlement a voté mercredi à Athènes la loi permettant aux enfants d'immigrés qui sont nés et ont grandi en Grèce d'obtenir la nationalité grecque, une question qui restait en suspens depuis plusieurs années.
Présentée par la ministre grecque de l'Immigration et militante des droits de l'Homme Tassia Christodoulopoulou, la loi a été votée par les députés de Syriza (gauche radicale) au pouvoir, du Pasok (socialiste) et du parti de centre gauche Potami.
En revanche, le principal parti de l'opposition, la Nouvelle-Démocratie (conservateurs), le parti néonazi Aube dorée ainsi que le petit parti des Grecs indépendants, qui a formé une coalition gouvernementale avec Syriza, ont voté contre le projet de loi, ce qui a constitué le premier désaccord, prévu, entre ces deux derniers partis.
Sans surprise, le parti Aube dorée s'est montré le plus virulent, le député Christos Pappas déchirant notamment le texte de loi devant les autres parlementaires.
"Que devons-nous dire à tous les immigrés qui, malgré les embûches, sont restés en Grèce et qui souhaitent que leurs enfants deviennent grecs ? Que leurs enfants sont des immigrés ? Ils ne le sont pas. Leur seule patrie est la Grèce", a déclaré au cours du débat au Parlement la ministre de l'Immigration.
La loi prévoit l'accès à la nationalité grecque des enfants nés en Grèce qui étudient dans ce pays, à condition qu'un des deux parents y habite pour un certain temps. Ceux qui ont fini le collège ou le lycée, et qui résident en Grèce, ainsi que ceux qui sont diplômés d'une université grecque auront également droit à la nationalité grecque.
Après le vote de principe de mercredi, les articles du projet de loi seront discutés et votés un à un.
Jusqu'à présent, l'accès à la nationalité grecque était strictement réglementé, le tout reposant essentiellement sur le droit du sang.
En 2010, le gouvernement socialiste de Georges Papandréou avait fait voter une loi autorisant l'octroi de la nationalité aux enfants d'immigrés, mais le Conseil d'Etat l'avait abrogée en 2013. A l'époque, le gouvernement de coalition droite-socialistes-Gauche démocratique (ND-Pasok-Dimar) avait promis de légiférer de nouveau sur le sujet, mais la question était restée en suspens.
"Le vote de cette loi est un pas important car elle rompt avec la décision xénophobe et injuste du Conseil d'Etat et règle un problème qui pendant des décennies n'a pas été réglé", a déclaré à l'AFP Alexandra Zavos, professeur à l'Université de Pantion sur les questions migratoires.
Toutefois, elle a déploré, comme de nombreuses communautés de migrants, que certaines questions comme celles portant sur l'accès à la nationalité des parents qui habitent depuis plusieurs années en Grèce, ne soient pas réglées par cette nouvelle loi.
24 juin. 2015
Source : AFP