Au lendemain des opérations de «sauvetage» des migrants sur les côtes italiennes, Human Rights Watch (HWR) a rendu public, à Bruxelles, son rapport sur la crise migratoire en Méditerranée.
Ce document vient analyser les raisons pour lesquelles ces flux sont en augmentation constante, il s’interroge sur les conditions humaines poussant les migrants à fuir et démontre, sans grande surprise, que le Maroc n’est plus un pays principal de transit.
Intitulé «La crise migratoire en Méditerranée: Pourquoi les migrants fuient; ce que l’UE devrait faire», ce rapport de HRW a été réalisé sur la base d’une série d’entretiens avec des migrants et demandeurs d’asile. Ses conclusions démontrent et confirment que le premier motivateur de la migration n’est autre que la souffrance. Les migrants fuient des pays en proie à des guerres, violences et toutes sortes de violations de droits humains.
L’organisation estime à 219.000 le nombre minimum de personnes ayant traversé la Méditerranée en 2014 dans l’espoir d’échapper à des conditions inhumaines dans leur pays d’origine ou même dans le pays de transit. Sans doute en raison de la prolifération des crises géopolitiques et conflits armés, ce chiffre aurait enregistré une augmentation de 60.000 par rapport à une année auparavant. Parmi ces 219.000 migrants, ils étaient plus de 10.500 enfants à voyager seuls vers l’Italie par la mer et pas moins de 1.100 enfants non accompagnés ont été enregistrés en Grèce.
Ceci dit, ce sont les cinq premiers mois de l’année en cours qui restent les plus représentatifs de la crise migratoire que connaît le contour de la Méditerranée. L’alarmant constat de HRW indique que le nombre des migrants ayant pris le large durant cette courte durée a atteint les 29.800. L’année 2015 a également enregistré un changement par rapport au parcours de ces migrants. S’ils traversaient auparavant l’Afrique du Nord pour accéder à la Méditerranée centrale, ils sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à rejoindre la Méditerranée orientale via la Turquie ou encore la Grèce.
Cette ONG, considérée comme l’une des plus actives en matière de défense des droits de l’Homme, justifie ce changement. Il ressort en effet des résultats des entretiens réalisés avec les migrants que «60% viennent de quatre pays ravagés par les conflits ou les violences : Syrie, Erythrée, Somalie et Afghanistan. La plupart des autres viennent du Nigeria, de Gambie, du Sénégal et du Mali». En plus de la Turquie et la Grèce, le plus grand pays de transit en Afrique reste la Libye.
Judith Sunderland, auteur du rapport, précise pour sa part que la plupart des personnes qui traversent la Méditerranée prennent d’énormes risques parce qu’elles se sentent obligées de le faire, et non parce qu’elles le veulent. Elle recommande à ce titre de mettre cette question parmi les priorités de l’Union européenne. «Sauver des vies et accroître le nombre des itinéraires sûrs vers l’Europe devraient figurer parmi les priorités de l’UE, tout en veillant à ce que toute coopération avec les pays d’origine et de transit se fasse dans le respect des normes internationales en matière de droits humains».
25-06-2015 , Imane Nigrou
Source : aujourdhui.ma