A l'avènement du mois de Ramadan commence pour les communautés musulmanes expatriées une quête de rapprochement avec leurs pairs, un besoin dicté par les valeurs de solidarité et de fraternité prônées par l'Islam mais aussi par une volonté de recréer l'atmosphère spirituelle typique de ce mois sacré.
Pas en reste, la communauté musulmane établie au Brésil multiplie les efforts pour célébrer le mois sacré comme il se doit dans une atmosphère de piété, d'amour et de solidarité, comme en témoigne la profusion d'activités et d'initiatives de solidarité organisées par les quelque 120 mosquées et centres culturels que compte le pays.
De Sao Paulo, à Brasilia en passant par Curitiba, les musulmans du Brésil se font un point d'honneur de resserrer leurs liens et de partager leurs valeurs dans un pays considéré comme un creuset de différentes cultures, ethnies et religions, cohabitant dans la paix et le bien-vivre-ensemble.
Pour Cheik Essadik El Otmani, secrétaire général du Conseil supérieur des Imams et des affaires islamiques au Brésil, les traditionnels programmes de rupture du jeûne collectif jouent un grand rôle dans le rapprochement entre les membres de la communauté musulmane, toutes origines confondues, et l'échange de vues sur leur vécu quotidien.
De plus, l'esprit de tolérance interconfessionnelle qui caractérise le Brésil a permis à la communauté musulmane, estimée à 1,5 million de personnes, de "vivre pleinement sa religion dans une atmosphère de cohabitation, de compréhension et de respect mutuel", confie-t-il à la MAP.
"L'expérience brésilienne en matière de respect des religions et de liberté du culte dépasse de loin celle de l'Europe, ce qui a permis à l'Islam de s'épanouir dans ce pays", relève M. El Otmani , en rappelant que l'Islam, dont la présence remonte au XVII-è siècle, "est une composante ayant contribué à l'histoire du pays".
Pendant ce mois, les mosquées brésiliennes, dont la mosquée Brasil de Sao Paulo, devient la destination privilégiée des fidèles en quête de renouveau spirituel, affirme l'auteur du livre "Histoire des musulmans d'Amérique du Sud : le Retour aux sources".
S'agissant des coutumes accompagnant ce mois sacré, le directeur des Affaires islamiques à la Fédération des associations islamiques au Brésil ne manque pas de souligner que les traditions orientales prônent en raison de l'importante vague d'immigration palestinienne, syrienne et libanaise qu'a connue le pays au cours du siècle précédent.
Se félicitant de la grande diversité culinaire caractérisant le mois de Ramadan, où plats d'Orient, du Maghreb et du Brésil se côtoient en totale harmonie, M. El Otmani note également que la communauté musulmane brésilienne a pu se faire une place au sein de la mosaïque multiethnique du pays.
Bien que minoritaire avec près de 1.500 membres disséminés sur le vaste territoire brésilien, la communauté marocaine tient, elle aussi, à préserver ses traditions et à maintenir ses liens avec ses pays d'origine, affirme Abderazak Nassib, établi à Curitiba (sud du Brésil) depuis 12 ans.
"Le Brésil et le Maroc ont beaucoup de points communs dans la mesure où l'esprit de tolérance religieuse prédomine", affirme-t-il, en rappelant que le géant d'Amérique Latine compte près de 150 cultes et religions qui se côtoient sans heurts ni préjugés.
Fier de ses origines, Nassib, membre du syndicat des journalistes de Curitiba, tient à ce que le mois de Ramadan se passe en famille et en compagnie d'amis et de marocains fraîchement établis dans le région, autour d'un bol bien fumant de la fameuse Harira.
Selon lui, le partage et la convivialité sont l'essence même de ce mois de grande spiritualité, où la nostalgie du pays se fait le plus sentir malgré les meilleures volontés.
Ayant grandi dans le quartier populaire d'El Akkari à Rabat, Nassib ne peut que se remémorer avec nostalgie le doux souvenir des marchés achalandés, le brouhaha des allées marchandes, les odeurs d'épices et des gourmandises gorgées de miel et l'ambiance festive qui faisait le secret de ce mois de recueillement et de piété.
En raison de la forte présence de la communauté arabe estimée à 12 millions de personnes, les musulmans du Brésil ont l'embarras du choix lorsqu'il s'agit de s'approvisionner en pâtisseries et différentes victuailles typiques du Levant, ajoute-t-il.
Un constat vérifié à Brasilia où les produits de consommation courante de la cuisine orientale, mais aussi les dattes et les épices, trouvent preneur dans les grandes surfaces mais aussi dans divers magasins spécialisés, qui voient leurs ventes littéralement doubler pendant le mois de Ramadan.
Branca, vendeuse dans un magasin de produits d'Orient bien en vue de la capitale, fait état d'un engouement pour les pâtisseries arabes comme les Qataef, le Mâamoul et la Baklava pendant cette période, notant au passage que les Brésiliens sont friands de cuisine arabe comme en témoigne le fait que des plats comme la Sfiha, le Kibbé ou le "Cuz Cuz", variation locale du Couscous, figurent en bonne place dans la gastronomie nationale.
Différents facteurs aidant, les musulmans du Brésil peuvent donc s'enorgueillir de vivre une expérience spirituelle unique, où respect et tolérance font le crédo d'une nation aux différentes cultures, couleurs et religions.
7 juil. 2015,Nadia EL HACHIMI
Source : MAP