Le Portugal a suspendu l'attribution de visas "gold", permis de séjour accordés à des investisseurs étrangers, en raison d'un vide juridique créé par une nouvelle législation, a indiqué mardi la police des frontières (SEF).
"Le traitement des demandes d'autorisation de résidence en vue d'un investissement est suspendu depuis le 1er juillet jusqu'à la parution d'un arrêté régulant" ce dispositif, a-t-elle précisé à l'AFP, confirmant ainsi des rapports de presse.
Cette décision a été prise par le nouveau patron de la police des frontières, Antonio Beça Pereira, dont le prédécesseur avait été arrêté en novembre dans le cadre d'un vaste scandale de corruption lié à l'octroi de ces visas.
Tirant les conséquences de cette affaire qui avait éclaboussé les hautes sphères de l'Etat et provoqué la démission du ministre de l'Intérieur Miguel Macedo, le gouvernement avait décidé de durcir la législation sur les visas et renforcer les contrôles.
Or, la nouvelle loi sur l'immigration, qui est entrée en vigueur le 1er juillet, a abrogé des dispositions concernant les visas "gold" sans les remplacer par d'autres, d'où un vide juridique, rapporte le "Jornal de Noticias".
Le Portugal octroie depuis fin 2012 des visas "gold" à des candidats prêts à débourser au moins 500.000 euros pour l'achat d'une maison ou d'un appartement, investir au moins un million d'euros ou encore créer dix emplois.
La demande des investisseurs chinois, principaux candidats à ces précieux sésames qui leur ouvrent l'espace Schengen, a baissé de 20% depuis la révélation du scandale, avait reconnu en mai le gouvernement.
Le gel du dispositif "peut créer une image d'instabilité" qui risque de freiner encore davantage les investissements immobiliers prévus par des Chinois, s'est inquiété Ping Chow, président de la Ligue des Chinois au Portugal.
Fin juin, au total 2.420 visas "gold", soit un investissement de 1,46 milliard d'euros, ont été accordés, dont 1.947 à des citoyens chinois, suivis des Brésiliens et Russes. Par rapport à 2014, le rythme d'attribution de ces permis de séjour a nettement ralenti.
"L'arrêt du programme ne date pas d'aujourd'hui. Déjà en mai, seuls six permis de séjour ont été octroyés, et en juin 35", a déploré la Confédération portugaise de la construction et de l'immobilier, appelant le gouvernement à trouver "rapidement" une solution.
14 juil. 2015
Source : AFP