La relocalisation de 40 000 réfugiés venus de Syrie bute sur la mauvaise volonté de nombreux États européens, malgré les efforts du président de la Commission, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker.
Les ministres de l’Intérieur de l’Union tentaient hier soir de se mettre d’accord sur la relocalisation de 40 000 réfugiés de Syrie, aujourd’hui en Italie (24 000) et en Grèce (16 000). Mais l’opération, voulue par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, afin de venir en soutien aux pays du sud en première ligne face à l’afflux de réfugiés, bute depuis des semaines sur le refus de plusieurs États. Un accord avait en revanche été trouvé sur la répartition de 20 000 personnes bénéficiant déjà du statut de réfugié, mais vivant aujourd’hui hors de l’Union.
France-Allemagne : le tiers
La France a pour sa part annoncé il y a dix jours qu’elle est prête à accueillir exactement 9127 migrants, sur l’ensemble des deux programmes. Elle avait dans un premier temps marqué son opposition de principe, Jean-Claude Juncker ayant employé le mot tabou de « quota ». L’Allemagne accueillera de son côté 12 100 réfugiés, également sur l’ensemble. Les deux pays s’inscrivent ainsi pour un tiers du total de 60 000 réfugiés.
Le nombre de relocalisations acceptées n’en reste pas moins à cette heure plus près de 30 000 que de 40 000. Car nombre de pays traînent les pieds, chacun avançant des raisons différentes. Le ministre espagnol Jorge Fernandez Diaz a ainsi confirmé hier « l’opposition radicale » de son pays à la relocalisation. Il a mis en avant les efforts de son pays à Ceuta et Mellila, enclaves espagnoles en Afrique du Nord. Mais il n’a pas cité les élections législatives prévues cet automne…
D’un mur à l’autre
La Hongrie est également en tête du front du refus. Elle dresse actuellement un « mur » de grillages à sa frontière sud avec la Serbie, lieu de passage de très nombreux migrants entrés dans l’Union par la Grèce. Un paradoxe, pour un pays qui contribua naguère à faire tomber le Mur de Berlin ? « La grande différence, c’est que c’était un mur qui empêchait les gens de sortir, le nôtre les empêche d’entrer », nous expliquait récemment Georges Karolyi, ambassadeur de Hongrie à Paris.
Il faudrait encore citer l’Autriche, qui accueillerait « presque dix fois plus de demandeurs d’asile par habitant que la Grèce ou l’Italie », selon sa ministre Johanna Mikl-Leitner. Ou la Lettonie, qui propose 250 places, le tiers de ce qui lui est demandé : « Nous devons convaincre nos citoyens », reconnaît sans fard son ministre Rihards Kozlovskis, entreprise d’autant plus difficile que le pays est en première ligne pour les réfugiés ukrainiens.
Retour à l’obligatoire ?
Ces refus et tergiversations irritent au plus haut point Jean-Claude Juncker. Il avait espéré rendre ce programme de relocalisation obligatoire, suivant des critères établis par ses services. L’absence d’accord au Conseil européen du 26 juin l’a obligé à se rabattre sur un système volontaire – qui montre ses limites. » L’Europe n’est pas à la hauteur des ambitions qu’elle déclame », avait tempêté Jean-Claude Juncker. Son entourage n’écartait pas, en cas d’échec hier soir, une nouvelle offensive en faveur d’un retour à un système obligatoire.
21/07/2015, Francis Brochet
Source : lejsl.com