jeudi 4 juillet 2024 02:18

picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

"On prend un bateau?" Des migrants désorientés à la frontière serbo-croate

Emergeant d'un bus juste avant l'aube, une quarantaine de migrants déboussolés a franchi la frontière serbo-croate mercredi, suivis de centaines d'autres sur ce qui pourrait devenir la principale route vers l'Europe occidentale.

Arrivés de Macédoine dans la ville frontalière serbe de Sid, encore tout froissés de sommeil, ils ne sont pas bien sûrs de ce qui se passe, ni d'où ils vont.

Ils savent seulement que la Hongrie, jusqu'ici principal pays de transit vers l'Europe de Ouest, a verrouillé ses frontières et qu'il faut trouver une autre route.

"On ne sait pas ce qu'on doit faire maintenant. Devons-nous prendre un bateau?", interroge Amadou, un Mauritanien de 35 ans, à sa sortie du bus.

Il est sidéré d'apprendre que son groupe est le premier arrivé à Sid depuis le début de la crise migratoire, la plus grande à laquelle est confrontée l'Europe depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.
Pas de rivière, mais une très longue marche menée par deux femmes serbes qui refusent de donner leur nom. "Nous avons peur pour eux, on essaye de les mener en lieu sûr", disent-elles simplement.

Après les avoir conduits sur la route menant à la frontière croate, elles s'arrêtent au bord d'un champ, disent au groupe de continuer et disparaissent.

Les migrants, dont certains portent dans leurs bras des nourrissons, entament alors une marche éprouvante à travers des haies et des sentiers envahis d'herbes folles.

'Dites-moi quoi faire'

Des femmes âgées peinent à suivre. Quelques enfants s'amusent à cueillir des prunes et se les lancent, d'autres font une halte pour en manger quelques unes.

"Nous nous sentons très mal, nous sommes très fatigués. Nous n'avons ni eau, ni nourriture", dit Waqar, un Pakistanais de 26 ans. Mais après la fermeture de la frontière hongroise, nous n'avons "pas le choix".

Finalement le groupe atteint la frontière. Contrairement au voisin hongrois, pas de clôture de barbelés, mais juste une petite pierre marquant l'arrivée en Croatie.

Une voiture de police arrive. Surpris, les deux agents les font asseoir et appellent du renfort. Peu après, une camionnette arrive et les transporte au commissariat de Tovarnik en Croatie.

Dans la journée, plusieurs camionnettes emmènent de nouveaux groupes au poste. Près de 400 avaient été enregistrés en début d'après-midi, selon le ministre de l'Intérieur croate.

Côté serbe, d'autres groupes de migrants sont en route vers la Croatie. "Dites-moi ce que je dois faire, je cherche désespérément à savoir quoi faire, je ne connais rien à la Croatie", dit Fadl Nusr, 55 ans, qui vient de Bagdad et qui dit avoir le coeur fragile.

La plupart de ceux qui l'entourent ne s'intéressent pas à la Croatie, qui a rejoint l'UE en 2013. Ils espèrent rejoindre des pays plus au nord, même si certains semblent se faire une raison.

"Nous voulons aller là où il y a la paix", dit Amadou.

16 sept 2015,Eric RANDOLPH

Source : AFP

Google+ Google+