Un responsable des Nations unies en visite au Niger a estimé jeudi qu'il était impossible de stopper les flux de clandestins vers l'Europe par les seuls moyens sécuritaires préconisés par certains Etats.
"Je ne suis pas convaincu que ça soit possible de stopper le flux migratoire par des mesures sécuritaires", a affirmé jeudi à l'AFP Toby Lanzer, coordonnateur humanitaire régional de l'ONU pour le Sahel, en visite à Agadez. Cette ville du nord du Niger proche de la Libye est une des principales portes d'entrée des clandestins d'Afrique vers l'Europe.
Le Niger "est au milieu d'un phénomène énorme en croissance en Afrique" et "des milliers de personnes vont essayer d'aller en Europe sans qu'on puisse les freiner", a expliqué M. Lanzer à l'issue d'une visite d'un camp de transit et d'accueil de migrants de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Le responsable onusien privilégie la solution d'un "développement économique" des pays dont sont originaires les migrants avec le soutien de la Communauté internationale.
"Mon message pour l'Europe, pour les Etats-Unis, est qu'ils augmentent leurs investissements dans des pays comme le Sénégal, comme la Gambie, le Burkina Faso... c'est le meilleur frein", a-t-il avancé.
S'il n'y a "pas d'espoir pour les jeunes ils vont migrer", a-t-il ajouté.
Selon l'OIM, le Niger est l"un des "pivots" des routes migratoires "vers l'Union européenne" et "en particulier vers l'Italie". 60% des migrants qui traversent la Libye pour rejoindre l'Europe par la Méditerranée centrale "sont passés par le Niger", indique une note de l'organisation reçue jeudi par l'AFP.
Environ 120.000 migrants ouest-africains vont traverser le Niger cette année pour se rendre le plus souvent en Libye avec l'Europe comme destination finale pour ceux qui réussiront à traverser la Méditerranée, selon l'OIM.
"Le flux de migrants s'est intensifié ces dernières semaines vers la Libye, ils foncent" avec pour seul objectif de "gagner l'Europe", a confié à l'AFP un expert onusien.
Entre janvier et juillet 2015, l'OIM dit avoir aidé plus de 5.800 migrants ouest-africains en détresse, dont des Nigériens, dans le nord du Niger. Pour contrer les trafiquants, le parlement nigérien a voté en mai une loi prévoyant des peines allant jusqu'à 30 ans de prison.
17 sept. 2015
Source : AFP