Les Etats membres de l'Union européenne divisés vont tenter mardi et mercredi de trouver en urgence une réponse crédible à l'afflux des migrants en Europe pour résoudre une crise d'une ampleur sans précédant depuis la Seconde Guerre mondiale.
La chancelière allemande Angela Merkel a appelé dimanche ses pairs à prendre leurs responsabilités.
"L'Allemagne souhaite apporter une aide. Mais ce n'est pas un défi pour l'Allemagne seule, c'est un défi pour toute l'Europe", a déclaré Angela Merkel. "L'Europe doit agir ensemble et prendre ses responsabilités. L'Allemagne ne peut pas supporter cette tâche seule."
Adoptant un ton plus prudent que lors de ses précédentes déclarations, la chef du gouvernement allemand a indiqué que son pays ne pourrait pas accueillir les migrants qui fuient pour d'autres raisons que la guerre et les persécutions.
"Nous sommes un grand pays. Nous sommes un pays fort. Mais faire comme si nous étions capables de résoudre seuls tous les problèmes sociaux du monde ne serait pas réaliste", a-t-elle dit.
Le président du Conseil européen Donald Tusk, qui préside les réunions de l'UE au sommet, a déclaré dimanche sur Twitter après s'être rendu en Egypte et en Jordanie que l'EU devait aider les réfugiés syriens à trouver une vie meilleure plus près de chez eux.
Les 28 Etats de l'Union européenne ont du mal à trouver une réponse commune à la crise, qui a mis à l'épreuve un certain nombre de ses membres les plus récents, à l'Est, qui n'ont pas l'habitude des phénomènes d'immigration à grande échelle.
Dimanche, la Hongrie a érigé une porte en acier et une clôture à un point de passage à la frontière avec la Croatie, membre de l'UE depuis deux ans seulement.
DEBORDEE PAR L'AFFLUX
Débordée par l'afflux de migrants - quelque 25.000 cette semaine - la Croatie les renvoie vers la Hongrie plus au nord, par la route ou par le train, pour qu'ils passent ensuite vers l'Autriche.
La Hongrie, qui a déjà fermé sa frontière avec la Serbie, est en train de construire une clôture de 41 km à sa frontière avec la Croatie et le passage de Baranjsko Petrovo Selo-Beremend était sur le point d'être fermé.
Quelque 10.700 migrants sont entrés dimanche en Autriche via la Hongrie, soit 200 de plus que samedi.
"Si on ne résoudra pas cette crise, l'UE va s'effondrer", a déclaré un responsable européen.
Il a précisé que, lors de leur sommet extraordinaire mercredi, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE discuteraient des stratégies à long terme pour résoudre la crise, et notamment du développement de la coopération avec la Turquie et les pays frontaliers de la Syrie, pour tenter de maintenir les réfugiés près de chez eux.
L'augmentation des pouvoirs de Frontex, l'agence européenne chargée de contrôler les frontières, sera également à l'ordre du jour ainsi que les "hotspots", ces centres d'accueil et de tri des migrants, et que la constitution d'une liste de pays "sûrs", dont les ressortissants ne pourront en principe être éligibles au statut de réfugiés, a indiqué le responsable.
Au programme également : une demande d'aide accrue de la part du Programme alimentaire mondial (Pam) et du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), a indiqué Donald Tusk.
Auparavant, les ministres de l'Intérieur de l'UE, réunis mardi, devraient s'être mis d'accord sur un schéma de répartition volontaire, et non plus obligatoire, de 160.000 réfugiés dans l'ensemble de l'UE pour soulager les Etats en première ligne. Ces 160.000 ne sont qu'une petite partie de ceux qui entrent en Europe.
La France a dit souhaiter par la voix de François Hollande que les principaux sujets de tension sur la crise des migrants soient réglés par les ministres de l'Intérieur dès mardi, pour que les chefs d'Etat et de gouvernement puissent n'avoir à régler mercredi que les questions de financement.
Une réunion a eu lieu dimanche au niveau des ambassadeurs de l'UE pour mettre au point des compromis avant la réunion de mardi, mais plusieurs questions restent en suspens. Les travaux se poursuivent donc, a déclaré une porte-parole de la présidence de l'UE.
Les Etats-Unis se sont dits prêts, par la voix de leur chef de la diplomatie John Kerry, à accueillir 15.000 réfugiés supplémentaires venus du monde entier l'an prochain, pour un total de 85.000 en 2016 et 100.000 en 2017.
21 septembre 2015,Julia Fioretti et Gernot Heller
Source : Reuters