Ils seront au cœur de la négociation du nouveau conseil extraordinaire des ministres de l’intérieur, convoqué pour le mardi 22 septembre, à Bruxelles : une mise en place rapide et efficace des « hot spots » aux frontières de l’Union européenne permettra peut-être de désamorcer le conflit entre les Vingt-Huit au sujet de la crise des réfugiés. Au cours de ce conseil, durant lequel la présidence luxembourgeoise tentera d’éviter un vote qui mettrait un peu plus en lumière les divisions entre Etats de l’Est et de l’Ouest, la question de l’enregistrement et de la sélection rapide des demandeurs d’asile restera cruciale.
Qu’est-ce qu’un « hot spot » ?
La Commission européenne a proposé, au printemps, dans son « agenda pour la migration » d’aider les pays dits « de première ligne », particulièrement exposés au flux de migrants. Il s’agissait à l’époque d’aider l’Italie et de la Grèce. La Hongrie a, depuis, été ajoutée à la liste. D’autres pays pourraient en bénéficier s’ils en faisaient la demande.
La création de « hot spots » vise à aider les pays concernés à remplir leurs obligations de contrôle, d’identification, d’enregistrement des témoignages et de prise d’empreintes des arrivants.
Qui compose le « hot spot » ?
Les autorités nationales reçoivent l’appui de diverses agences européennes : Europol, l’agence de coopération policière ; Eurojust, pour la coopération judiciaire ; Frontex, l’agence européenne pour les frontières ; Easo, le Bureau européen d’appui en matière d’asile.
Ces organismes aident à distinguer les personnes ayant clairement besoin d’une protection internationale des migrants dits « économiques », qui ne peuvent y prétendre. L’implication d’Europol et d’Eurojust vise notamment à tenter de lutter contre les filières et à exercer un contrôle en matière de terrorisme : les menaces de l’Etat islamique et les propos de divers courants populistes et extrémistes européens ont répandu l’idée que des djihadistes pourraient se faire passer pour des demandeurs d’asile.
Où sont situés les « hot spots » ?
En Italie, l’état-major est établi à Catane, en Sicile, et coordonne le travail de quatre ports, trois en Sicile (Trapani, Pozzallo, Porto Empedocle) et un sur l’île de Lampedusa. Chacun de ces centres peut accueillir jusqu’à 1 500 personnes. Les agences européennes y délèguent divers experts, interprètes et équipes de soutien.
En Grèce, le projet est d’établir un état-major au Pirée, le port de la capitale, Athènes. Compte tenu de la géographie du pays, c’est là que seront centralisées les demandes d’asile.
La Hongrie refuse, à ce stade, le projet d’installation de « hot spots », réfutant l’idée qu’elle est un pays de « première ligne » et rejetant, par ailleurs, le plan de relocalisation de 54 000 réfugiés présents sur son sol.
Quand les « hot spots » seront-ils opérationnels ?
C’est l’un des objets de la polémique actuelle. Les partenaires des pays concernés les accusent de traîner les pieds et de ne pas procéder aux contrôles nécessaires, ce qui aurait contribué à l’afflux incontrôlé des dernières semaines. En juillet, la Commission promettait une mise en œuvre « très rapide ». Elle évoque maintenant une planification qui serait presque terminée. L’affirmation laisse sceptique une série d’Etats, dont la France et l’Allemagne.
Lors de leur dernière réunion, qui s’est soldée par un échec, les ministres de l’intérieur ont insisté pour un contrôle sévère, une sélection rapide et un renvoi des migrants irréguliers, avec une implication plus grande de Frontex, dont les moyens financiers et matériels devraient être augmentés.
Le « hot spot », solution à la crise entre les Etats membres ?
Il y a visiblement des divergences persistantes entre les pays, et entre ceux-ci et la Commission, au sujet du rôle précis des centres. Lieux d’accueil, chargés ensuite de mettre en œuvre la relocalisation de ceux qui ont droit au statut de réfugiés ? Ou lieux de rétention pour les migrants irréguliers en attente de leur renvoi ? Bruxelles réfute cette dernière idée, plusieurs capitales l’appuient. Les ministres devront trancher mardi, avant la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement, mercredi soir.
Ce sommet réclamé par l’Allemagne devrait insister, pour sa part, sur l’urgence d’une politique de retour plus probante, sur la négociation à mener avec les pays tiers afin de faciliter ses retours et sur l’aide à apporter aux pays voisins de la Syrie, qui accueillent des millions de réfugiés. Ce dernier point est évoqué depuis des mois, mais le passage à l’action tarde.
21.09.2015 , Jean-Pierre Stroobants
Source : Le Monde