jeudi 4 juillet 2024 00:21

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«Les termes clandestins, migrants et réfugiés sont porteurs de stigmates»

Vendredi, en marge de la pièce «Eldorado» inspirée du livre de Laurent Gaudé, 80 personnes travaillant en lien avec la migration se sont réunies au Théâtre de la Parfumerie pour une journée d’échange et de réflexion sur cette thématique.

Retour sur cet événement avec deux organisateurs, Fabrice Roman, directeur du Centre de la Roseraie et Hossam Adly, chargé de projet au Service Agenda 21-Ville durable de la Ville de Genève.

Une quantité de propositions ont émergé de cette journée, un but a déjà été atteint ?

Hossam Adly (HA): Le fait de réunir des professionnels représentant des points de vue différents et de formuler ensemble des propositions était déjà un objectif en soi. Chaque idée a été déposée sur un tableau en fonction de sa faisabilité et du temps nécessaire à sa mise en œuvre, permettant de prendre conscience des enjeux principaux de cette thématique.

Fabrice Roman (FR): Nous avons mis à jour une centaine de propositions concrètes qui montrent quelles actions entreprendre pour dépasser les barrières entre les institutions et contribuer à prévenir l’exclusion et la précarité des personnes migrantes.

Pourquoi avez-vous ressenti le besoin d’ouvrir les frontières entre professionnels de divers horizons ?

FR: Nous avions envie de proposer un espace de rencontre, de partage et de compréhension mutuelle des enjeux migratoires afin d’ouvrir la réflexion et le champ d’action professionnel.

HA: La Ville de Genève souhaite construire des ponts à tous les niveaux. La population locale doit mieux connaître les personnes migrantes afin de pouvoir déconstruire les stéréotypes. Le partage social, le bénévolat ou le mentorat, par exemple, permettent de casser les barrières de la peur. Les migrants, doivent pouvoir obtenir davantage d’informations claires sur Genève. Il faut réfléchir à comment rendre les prestations publiques et l’administratif le plus accessible possible. La question des langues est centrale.

Un atelier interrogeait le choix des mots, un sujet sensible.

HA: Nous vivons une période où les représentations se complexifient et où les termes ont tendance à se confondre. L’ensemble des professionnels – comme des médias – utilisent les termes clandestins, migrants et réfugiés sans réaliser qu’ils sont porteurs de stigmates. Nous voulions voir s’il est possible de remettre en question le choix de certains de ces mots. Par exemple: Pourquoi la mobilité est-elle valorisée et la migration vue négativement? Chacun doit se responsabiliser pour faire évoluer ces termes.

FR: La distinction entre migrants économiques et politiques est un autre exemple. Sur le terrain, cette dichotomie n’existe pas. La violence n’est pas seulement faite de bombes et d’armes. Hiérarchiser la souffrance selon si la personne vient d’un pays en guerre ou non n’est plus acceptable.

Vous aviez convié les milieux économiques. En quoi sont-ils concernés par la migration ?

 HA: Le secteur économique est au centre de ces questions. D’une part car des compétences extérieures sont essentielles à son fonctionnement et d’autre part car l’accès à des ressources économiques est souvent indispensable à la participation sociale.

Quelle suite allez-vous donner à cette rencontre ?

FR: Nous avons souhaité offrir un espace où formuler des solutions. Nous ne cherchons pas à amener les gens d’un point à un autre. C’est désormais à eux de créer de la matière.

28.09.2015, Laure Gabus

Source : Tribune de Genève

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