jeudi 4 juillet 2024 00:25

picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

Le quotidien d'un sans-papiers à Montréal

« [Montréal], c'est une ville où il fait bon vivre. Il n'y a pas de violence, comme dans mon pays. Malgré tous les désavantages, on va rester ici. » Ces paroles sont celles d'un père de famille mexicain, qui a souhaité garder l'anonymat pour éviter la déportation. Il a fait une demande d'asile il y a une dizaine d'années, mais elle a été rejetée. Depuis 2010, il vit au Canada sans papiers... et il n'est pas le seul.

 « Je connais des personnes qui sont ici sans papiers depuis 10 ans, 15 ans, 20 ans. Il y a beaucoup de gens de toutes nationalités : Haïtiens, Colombiens, Salvadoriens, Arabes, Indiens, Chinois... » C'est l'autre face de la crise des réfugiés. On ne sait pas exactement combien ils sont au pays, mais selon l'Agence des services frontaliers du Canada, 44 656 personnes au Canada étaient visées par un mandat de renvoi de l'immigration en mai 2015.

Ils ont fait le choix de rester au pays dans l'illégalité, et ce choix leur coûte cher. « On travaille sous la table, explique le sans-papiers. Mais il y a beaucoup de problèmes avec ça, parce que le patron, il ne payait pas les journées fériées, les vacances, les congés de maladie. »

En fait, son travail n'est régi par aucune règle. Et le salaire, quand il est versé, est parfois sous le seuil minimum légal. Il n'a aucun recours.

Qu'arrive-t-il s'il est malade? Il n'a, bien sûr, pas accès au système de santé. « J'appelle quelqu'un ou je demande un conseil à un pharmacien », dit-il, en guise d'exemple. Sa femme, qui a récemment eu un accident de la route, a tenté, pour sa part, de régler à l'amiable, pour éviter d'appeler la police.

L'un de ses enfants est né au Canada et est donc citoyen canadien. Mais l'autre ne l'est pas. Il a été scolarisé à Montréal, la commission scolaire lui a toutefois réclamé de payer les frais de quelque 6500 $, associés à l'éducation d'un étudiant étranger.

Tout ça, sans compter les inconvénients vécus par l'adolescent sans papiers. S'il sort du pays, il ne peut plus rentrer. Adieu le voyage de fin d'études à New York avec son ami... ou la visite en Amérique latine avec sa copine. « Il est en train [de faire] une dépression », craint le père.

Pourtant, malgré tous ces inconvénients quotidiens, il fera tout pour rester au Canada.

29 septembre 2015, Hugo Lavoie

Source : ici.radio-canada

Google+ Google+