Dans un rapport appelant à des financements supplémentaires diffusé jeudi 1er octobre, le HCR double ainsi le nombre de migrants attendus cette année par rapport au dernier appel, qui tablait fin août sur 350 000 arrivées en 2015.
Selon les derniers chiffres de l’agence onusienne, il y a donc eu, depuis le 1er janvier :
520 957 arrivées par la Méditerranée enregistrées, parmi lesquelles 387 520 en Grèce et 131 000 en Italie, 18 % d’entre eux sont des enfants, 13 % des femmes.
Dans le même temps, plus de 2 800 hommes, femmes et enfants sont morts cette année en tentant cette traversée pour rejoindre l’Europe – contre 3 500 sur toute l’année 2014. Parmi ceux qui réussissent à atteindre les îles grecques de la mer Egée, près des trois quarts sont des Syriens, selon un bilan établi à la mi-septembre par l’Organisation internationale pour la migration.
Enfin, d’après l’agence européenne chargée des frontières extérieures de l’espace Schengen, Frontex, cette crise est bel et bien historique, si l’on compare les 500 000 hommes, femmes et enfants dénombrés aux frontières de l’UE au cours des huit premiers mois de l’année aux 280 000 personnes sur l’ensemble de 2014.
Un budget qui monte en flèche
Dans le rapport de l’UNHCR sur son « initiative spéciale méditerranéenne », un plan pour une réponse d’urgence à cet afflux de migrants, l’agence demande pour ses opérations dans la zone 70 millions d’euros supplémentaires à sa demande initiale, pour la période de juin 2015 à décembre 2016. Le budget total qu’il cherche à recueillir pour cette opération s’élève désormais à 128 millions de dollars.
Avec ce plan le HCR se fixe trois objectifs :
« Sauver des vies et répondre aux besoins humanitaires dans les points de transit, de première arrivée, de destination » ; « renforcer les systèmes de protection en augmentant les capacités dans la Corne de l’Afrique, l’Afrique du Nord et en Europe » ; « renforcer la disponibilité de sécurité et de solutions dans les régions où les réfugiés trouvent pour la première fois la sécurité. »
Le HCR cherche ainsi à améliorer l’accueil de ces personnes non seulement en Europe, mais aussi dans les premiers pays dans lesquels ils arrivent après avoir fui leur pays d’origine.
Les exilés syriens fuient la précarité et l’insécurité
Le HCR explique cet afflux soudain de migrants, qui fuient les persécutions et les guerres notamment en Syrie et en Irak, par la précarisation des réfugiés dans les camps qui les accueillent dans les pays frontaliers. « L’assistance alimentaire destinée aux réfugiés, au Liban ou en Jordanie, a été quasiment arrêtée : faute de financement, le Programme alimentaire mondial (PAM) a interrompu 90 % de ses programmes », expliquait ainsi au Monde Philippe Leclerc, représentant en France du HCR, à la mi-septembre.
Dans un article diffusé à la fin de septembre, le HCR avançait aussi plusieurs facteurs à cette crise migratoire, citant en premier lieu le désespoir des Syriens – 4 millions d’entre eux s’étant exilés dans les pays limitrophes –, alors que leur pays subit une cinquième année de guerre meurtrière, sans perspective rapide d’apaisement. Ils font face, explique l’agence onusienne, à de grandes difficultés pour subvenir aux besoins de leur famille en exil : un coût de vie élevé au Liban ou en Egypte, des économies qui se sont envolées après des années d’exil, des interdictions d’intégrer légalement le marché du travail…
A cela s’ajoutent des programmes régionaux d’aide aux réfugiés en panne de financement ou éprouvant des difficultés à renouveler leur visa pour résider dans ces pays. La scolarisation des enfants est aussi un problème de taille en Jordanie, en Egypte, au Liban ou en Irak alors que « l’éducation porte une grande valeur pour les Syriens qui bénéficiaient d’écoles gratuites et obligatoires chez eux avant la guerre ». Enfin, ils se sentent en insécurité, notamment en Irak, pays en proie aux assauts de l’Etat islamique.
01.10.2015
Source : Le Monde/AFP