"Fatima", le dernier long métrage de Philipe Faucon, qui sort en France le 7 octobre prochain, raconte le quotidien de Fatima, une femme de ménage immigrée d’origine algérienne qui mène un combat au quotidien.
Adapté des livres autobiographiques "Prière à la lune" et "Enfin, je peux marcher seule" de l’écrivain marocaine Fatima Elayoubi, l’œuvre de Faucon raconte, dans un style épuré et sans pathos, la vie de ces femmes nombreuses dans la société, mais si invisibles. La vie de Fatima, interprétée par Soria Zeroual, qui n’est pas actrice mais femme de ménage dans la vie, "est mon histoire », a expliqué Elayoubi à l’AFP. Avec ce film, Philippe Faucon "a fait sortir cette femme à la lumière, il a présenté son courage, son audace, ses rêves", se réjouit-elle.
Maîtrisant mal le français, Fatima a du mal à communiquer non seulement avec ses employeurs, mais aussi avec ses filles. Souad, une adolescente de 15 ans et Nesrine, 18 ans, qui débute des études en médecine. Pour payer leurs études, la quarantenaire enchaîne les ménages en horaires décalés, dans une maison bourgeoise ou dans une école.
Une chute dans l’escalier la rend inapte au travail. L’occasion pour Fatima de se lancer dans l’écriture en arabe. Elle en profite pour exprimer ce qu’elle n’a jamais réussi à dire jusque là.
"Ce qui m’intéressait, c’était de montrer ces femmes qui n’ont pas beaucoup de place sur les écrans, qu’on ne voit pas très souvent, et de raconter cette espèce d’entêtement, d’obstination, ce quotidien qui est le leur", a expliqué le réalisateur à l’AFP lors de la dernière édition du festival de Cannes, où "Fatima" a été présenté à la Quinzaine des réalisateurs.
Le choix du sujet n’est pas fortuit pour Faucon. Né au Maroc, il raconte "avoir eu des grands-parents qui ne parlaient pas le français, une mère qui ne parlait pas le français dans son enfance". Des situations, également présentes dans le film, qui renvoient le réalisateur à sa propre histoire familiale.
Pour Philipe Faucon, l’histoire de Fatima est celle "de l’accomplissement d’une personnalité (…), avec des moyens très farouches, d’une façon très obstinée, et dans un jeu de miroir avec ses deux filles". Car si le film s’intéresse à Fatima, il dresse aussi le portrait de ses deux filles, Nesrine, incarnée par Zita Hanrot, au français châtié, donc sa mère espère qu’elle pourra réussir ses études, et Souad, rôle campé par Kenza Noah Aïche, dont le parler de banlieue n’est pas si familier à la mère.
"Je préfère voler que de nettoyer la merde des autres comme toi", lance Souad à sa mère. "Sois fière des Fatima", lui répond indirectement sa mère, à travers les mots qu’elle couche sur le papier, depuis qu’elle a arrêté de travailler.
02/10/2015, avec AFP
Source : .huffpostmaghreb.com