samedi 23 novembre 2024 21:09

Charif Benhalima, le maitre du Polaroid

Charif Benhalima est un artiste photographe d’envergure internationale. Il expose ses œuvres dans les grandes galeries en Europe et aux Etats-Unis. Ses œuvres sont connues pour être le reflet de sa vie, son enfance, une sorte d’autobiographie qu’il propose au public. Ses photographies sont également appréciées pour leur message fort et poignant sur la réalité de l’immigration et de la quête identitaire.

Deux évènements ont marqué la vie de l’artiste Charif Benhalima. A l’âge de trois ans, son père, immigré marocain en Belgique, se voit expulsé définitivement. Il grandit donc sans présence paternelle, jusqu’à huit ans, âge auquel sa mère décède. Encore enfant, Charif doit faire le tour de la Belgique, d’un orphelinat ou d’une maison d’accueil à une autre. Une enfance difficile donc, qui lui le laissera avec beaucoup d’interrogations sur son identité, son passé, sa famille au Maroc, et son père. Le monde artistique a été pour Charif Benhalima le seul moyen d’exprimer cette grande souffrance intérieure.

Photographier l’immigration

Pour assouvir sa soif de connaissance artistique, Charif intègre l'Institut Saint-Lukas de Bruxelles de (1990-1995). Il y entame sa carrière par un travail long de neuf ans intitulé « Welcome To Belgium » (1990-2000).Une série de photographies puissantes et criantes sur l’immigration. Constituée de quatre séries photographiques et de textes autographes, cette œuvre documente la dure réalité économique des immigrés de Belgique. Au-delà de l'aspect très politique de l’ensemble de cette collection, Charif présente d’autres éléments essentiels pour décrire le vécu des migrants. On y trouve donc la recherche de la mémoire, la quête identitaire, la relation étroite que l’on a avec son passé. En 2003, il réalise un autre projet « Sémites » où il traite des populations d'Afrique du Nord dans les capitales européennes. Il crée l’exposition « Black Out » en 2005, des photographies floues, qui empêchent de décerner la réalité du rêve. En 2008, il continue cette expérience avec d’autres œuvres dans l’exposition intitulée « Roots I ». 

En plus d'expositions personnelles et collectives en Belgique, aux Etats-Unis, en Afrique du Sud et aux Pays-Bas, le travail de Charif Benhlima a fait l'objet de publications d'ouvrages sur ses trois premières séries. Le palais des Beaux-Arts de Bruxelles a également exposé en 2012 sa dernière exposition en date« Charif Benhelima: Polaroids 1998 – 2012 », une rétrospective de plus de 280 polaroïds. La marque de fabrique de Charif Benhelima est son utilisation exclusive du Polaroïd 600. Il met en avant les possibilités techniques limités de cet appareil qui lui permettent de sortir des clichés parfaits du numérique. Pour lui, l’authenticité de la photographie réside dans ses défauts, dans sa qualité brute qui retransmet la réalité que l’on vit et voit au quotidien.

7/10/2015, Par : Wafa Abyad.

Source : Marocainsdumonde

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