jeudi 4 juillet 2024 00:22

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Migrants: face à la contestation, Merkel passe à l'offensive

Angela Merkel est passée à l'offensive pour défendre sa politique de la main tendue aux réfugiés, une "bataille" décisive pour la chancelière opposée à un mécontentement croissant tant au sein de son propre camp que de la population allemande.

Très en verve, contrairement à sa retenue habituelle, Mme Merkel a défendu sur le plateau de l'un des talk-shows les plus regardés d'Allemagne mercredi soir sa politique d'ouverture.

"Je n'ai pas envie de participer à un concours de celui qui sera le plus désagréable avec les réfugiés" en Europe pour réduire l'attractivité de son pays, a-t-elle lancé, alors qu'entre 800.000 et un million de demandeurs d'asile sont attendus cette année.

Elle s'est aussi défendue d'avoir créé un appel d'air en tenant un discours favorable aux migrants, l'un des principaux griefs formulés à son encontre par certains de ses partenaires conservateurs.

L'accueil des réfugiés constitue "l'une des tâches les plus difficiles depuis la Réunification" du pays, dont les 25 ans ont été célébrés le week-end dernier, a-t-elle néanmoins reconnu.

 Pas de 'fausses promesses'

Se targuant de "ne pas faire de fausses promesses", elle a reconnu que l'intégration des nouveaux arrivants ne serait "pas facile" et qu'il fallait "encore travailler"

Pour la presse, la chancelière s'est bien tenue, mais certains s'interrogeait sur sa capacité à survivre politiquement à la crise.

"La bataille la plus difficile de Merkel (...) La crise des réfugiés va décider de l'avenir politique de la chancelière", au pouvoir depuis dix ans, résumait jeudi le quotidien populaire allemand Bild.

A deux ans des prochaines élections législatives, "la question n'est plus +va-t-elle revenir à la chancellerie?+ Mais +peut-elle y rester?+", s'interrogeait même le tabloïd, alors qu'il y a quelques mois, la réélection pour un quatrième mandat consécutif de la chancelière, dont le nom est évoqué pour recevoir le Nobel de la paix, semblait une simple formalité.

"A-t-on jamais vu la chancelière ainsi? Si vive, si énergique et, en même temps, le dos au mur?", s'interroge pour sa part le journal conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Car son "Wir schaffen das" ("Nous allons y arriver"), le mantra martelé depuis l'été par la dirigeante pour illustrer sa confiance dans la gestion de l'arrivée centaines de milliers de migrants, convainc toujours moins de monde.

Confrontée à une popularité à son plus bas depuis quatre ans, critiquée dans son propre camp, Mme Merkel a pour reprendre la main aussi décidé d'écarter du dossier migrants son ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière qui, en coulisse, ne cachait pas son scepticisme sur la capacité de l'Allemagne à faire face.

C'est désormais le chef de chancellerie de Mme Merkel, le fidèle Peter Altmeier, qui gèrera directement la réponse à la crise migratoire.

Manifestations anti-réfugiés

Reste que son intervention télévisée n'aura sans doute pas convaincu les mécontents, notamment ses alliés bavarois de la CSU qui tirent depuis des semaines sa boulets rouges sur la chancelière, la Bavière étant en première ligne pour accueillir les migrants.

Le dirigeant bavarois Horst Seehofer a même menacé mercredi de prendre de mystérieuses mesures "de légitime défense" si l'afflux ne cessait pas.

Toujours mercredi, une trentaine d'élus régionaux CDU, le parti de Mme Merkel, lui ont adressé une lettre pour demander un changement de cap : "une grande partie des membres et des électeurs de notre parti ne se sentent plus représentés par la ligne politique actuelle".

Mme Merkel doit rencontrer des militants de son parti jeudi soir à Wuppertal (ouest).

Dans le même temps, dans l'Est du pays, où les attaques contre les foyers de migrants sont les plus nombreuses, les manifestations anti-immigrés attirent de plus en plus de personnes, à l'image d'Erfurt, mercredi soir, où 8.000 personnes ont défilé.

Quant au mouvement islamophobe et anti-réfugiés Pegida, en sommeil depuis plusieurs mois, il mobilise à nouveau régulièrement plusieurs milliers de personnes dans son fief de Dresde (Est).

08 oct. 2015,Damien STROKA

Source : AFP

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