Des milliers d'Australiens ont manifesté dimanche pour dénoncer la politique restrictive de leur pays en matière d'immigration, alors que des médecins pointaient l'inhumanité de la détention d'enfants dans les camps de migrants.
"Free, free the refugees" ("Libérez les réfugiés"), scandaient des milliers de manifestants à Sydney, Melbourne et dans d'autres villes.
Des associations avaient lancé un appel national à défiler pour demander la fermeture des camps installés en Papouasie-Nouvelle Guinée ou dans le Pacifique.
Ces rassemblements sont intervenus quelques jours seulement après que le gouvernement eut confirmé qu'il était en discussion avec Manille pour envoyer aux Philippines les migrants tentant d'entrer en Australie.
Canberra a mis en oeuvre ces dernières années une politique très stricte critiquée avec véhémence par les organisations de défense des droits de l'Homme.
Les bateaux de clandestins sont systématiquement refoulés par la marine australienne.
Ceux qui parviennent néanmoins à gagner les rives sont placés dans des camps de rétention sur l'île de Manus, en Papouasie-Nouvelle Guinée ou sur l'île de Nauru, dans l'océan Pacifique.
Même si leur demande d'asile est jugée légitime après instruction de leur dossier, Canberra ne les autorise pas à s'installer en Australie.
Alors que l'Australie s'est engagée à accueillir à titre exceptionnel 12.000 réfugiés syriens, de nombreux manifestants brandissaient les drapeaux de la révolution syrienne et kurde, demandant que leur gouvernement rapatrie en Australie les migrants enfermés dans les camps.
L'Australie a signé en septembre 2014 un accord controversé avec le Cambodge, l'un des pays les plus pauvres du monde, prévoyant que les migrants ayant obtenu le statut de réfugié à Nauru puissent, s'ils le veulent, s'installer de façon permanente au Cambodge.
En contrepartie, Pnom Penh recevra des millions de dollars d'aide sur quatre ans. Mais seules quatre personnes ont accepté cette solution.
Vendredi, le ministre australien de l'Immigration Peter Dutton a indiqué que des négociations étaient en cours avec d'autres pays pour accueillir ces réfugiés, y compris les Philippines.
Dimanche, les organisateurs de la manifestation de Sydney ont appelé au téléphone un réfugié vraisemblablement détenu à Manus depuis deux ans, et retransmis la conversation par hauts-parleurs.
"Nous sommes traumatisés", a déclaré ce réfugié, jugeant "indescriptibles" les conditions de vie à Manus.
Dans une tribune publiée par le Sunday Herald Sun, des médecins de l'Hôpital royal pour enfants de Melbourne (RCH) ont estimé que les enfants devaient être retirés de ces camps car il était presque impossible de les soigner en détention.
Une prise de position soutenue par l'Association médicale australienne (AMA), principale organisation professionnelle de médecins.
"Un centre de détention n'est bénéfique à la santé de personne, et certainement pas à celle des enfants", a déclaré dans un communiqué Brian Owler, président de l'AMA.
"Certains enfants suivis par des médecins de Melbourne ont passé la moitié de leur vie en détention, ce qui est inhumain et totalement inacceptable", a-t-il ajouté, soulignant que "ces enfants souffrent de problèmes physiques et mentaux très graves, y compris d'angoisse aigüe et de dépression".
Au 31 août, selon les chiffres officiels australiens, 1.589 demandeurs d'asile étaient détenus sur les îles de Manus et Nauru, dont 114 femmes et 93 enfants.
"Il nous incombe désormais de prendre soin de ces pauvres gens, quelles que soient les circonstances dans lesquelles ils sont arrivés", poursuit M. Owler.
11 oct 2015
Source : AFP