jeudi 4 juillet 2024 00:30

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Selon l'Insee, près de 9% des habitants en France sont des immigrés

Le nombre de personnes nées de nationalité étrangère à l'étranger et résidant sur le territoire national a crû de 700.000 en neuf ans. Un million d'étrangers ont aussi été naturalisés français depuis 2006.

L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) vient de publier son dernier bilan démographique sur les «populations française, étrangère et immigrée en France depuis 2006». Un travail fouillé qui bat en brèche quelques idées reçues, sur un sujet éminemment polémique, à l'heure de la crise migratoire en Europe. Il s'agit là, bien sûr, de chiffres qui balaient l'immigration régulière, l'immigration irrégulière restant dans la zone grise de l'analyse.

Mais entendons-nous sur le vocabulaire. Par «immigré», Chantal Brutel, de la cellule statistique et études sur l'immigration de l'Insee, à qui l'on doit cette étude, désigne «une personne née de nationalité étrangère à l'étranger et résidant en France», certaines ayant pu devenir françaises par la suite. Par «étranger», elle qualifie «une personne qui réside en France et ne possède pas la nationalité française». Voici ce qui émerge de ses constats:

• Près de 6 millions d'immigrés sont installés en France

«Au 1er janvier 2014, la France compte 65,8 millions d'habitants hors Mayotte: 11,6 % d'entre eux sont nés à l'étranger, 8,9 % sont immigrés et 6,4 % de nationalité étrangère.» Par ailleurs, entre 2006 et 2013, «l'ensemble de la population résidant en France a augmenté de 2,6 millions de personnes, celle de nationalité française de 2,1 millions. Les immigrés, qui ne sont pas tous de nationalité étrangère, comptent 700.000 personnes en plus.»

Pourquoi? Cette évolution est «essentiellement liée aux flux migratoires: 1,6 million d'immigrés sont arrivés en France, 500.000 en sont repartis et 400.000 sont décédés en France». Au final, «la part de la population immigrée dans la population totale est passée de 8,1 % début 2006 à 8,9 % début 2014». L'an dernier, au 1er janvier, leur nombre atteignait précisément 5.868.000.

• Plus de 60.000 naissances d'enfants de parents étrangers en un an

«En 2013, 63.000 naissances, soit 7,8% des naissances en France, concernent des enfants dont les deux parents sont étrangers.» Le signe d'un certain dynamisme démographique. Qui se révélerait sans doute encore plus important si l'étude avait intégré le département de Mayotte, considéré comme la «première maternité de France», avec plus de 7000 naissances par an, majoritairement d'enfants de clandestins comoriens.

• Plus d'entrées d'immigrés que de sorties

Le «solde migratoire» de la France «résulte de flux importants qui se compensent», explique l'Insee. En 2013, «33.2000 personnes sont arrivées en France et 229.000 en sont parties». Sur les 332.000 entrées, 235.000 étaient des immigrés, «ce qui représente 70% de l'ensemble». «Les autres entrées correspondent à des retours de personnes qui sont nées en France (77.000 personnes) et à l'arrivée de personnes nées françaises à l'étranger (20.000).» Dommage que les chiffres ne couvrent pas l'année 2014, marquée, dès le mois d'avril, par des vagues migratoires sans précédent qui, au fil des régularisations, devraient amplifier ces écarts.

• Davantage de personnes nées en France qui émigrent

Si les étrangers sont plus nombreux à entrer, les personnes nées en France sont également plus nombreuses à sortir. «En 2013, près de 197.000 personnes nées en France ont quitté le territoire, soit 59.000 de plus qu'au cours de l'année 2006. Parallèlement, les retours de personnes nées en France sont stables, autour de 78.000 personnes.» De ce fait, le déficit du solde migratoire entre 2006 et 2013 pour les personnes nées en France double littéralement, passant de 60.000 à 120.000 manquants. La France ne saurait-elle plus retenir ses natifs? Est-ce la fuite des cerveaux ou l'attrait du large? Un signe de dévitalisation peut-être, si les chiffres devaient s'amplifier pour 2014.

• Jusqu'à un naturalisé sur deux peut garder sa nationalité d'origine

«Parmi les immigrés, 3,6 millions sont de nationalité étrangère et 2,3 millions, soit 39 % des immigrés, ont acquis la nationalité française», rapporte l'Insee. Mais les statisticiens nuancent: «L'acquisition de la nationalité française ne signifie pas forcément le renoncement à sa nationalité d'origine. Ainsi, en 2008, parmi les immigrés âgés de 18 à 50 ans devenus français, on estime qu'un sur deux a gardé sa nationalité d'origine et a donc une double nationalité.»

L'Institut national d'études démographiques (Ined) apporte cet éclairage complémentaire sur son site officiel: «Les doubles nationaux représentent 5 % de la population de France métropolitaine âgée de 18 à 50 ans, dont 90 % sont immigrés ou descendants d'immigrés. (…) Plus des deux tiers des immigrés du Maghreb (combinent) la nationalité française et celle de leur pays d'origine.»

• Des flux à l'échelle de l'Europe

En 2013, l'UE a enregistré 3,4 millions d'entrées et 2,8 millions de sorties. «L'augmentation des flux migratoires n'est pas spécifique à la France»,assurent les experts de l'Insee. Et l'affaire des réfugiés laisse présager des évolutions encore plus tranchées.

13/10/2015,  Jean-Marc Leclerc

Source : Le Figaro

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