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Suisse: les partis de droite donnés renforcés à des élections dominées par la question de l'immigration

Les Suisses votent pour renouveler leur parlement, avec la question de l'immigration en tête de liste de leurs préoccupations, ce qui devrait profiter aux partis de droite.

Les partis de droite, les libéraux (PLR) et les populistes (UDC), devraient, selon les sondages, sortir renforcés par ce scrutin clos dimanche prochain.

Les questions de l'asile et de l'immigration constituent la "première priorité" à traiter pour 46% des sondés par l'institut gfs.bern, loin devant les relations avec l'Union Européenne, seconde priorité pour seulement 7% des sondés.

Le premier parti de la Confédération, l'Union Démocratique du Centre (UDC), droite populiste, qui a bousculé le jeu politique ces dernières années avec notamment des campagnes réussies pour interdire la construction de minarets et contre ce qu'elle a appelé "l'immigration de masse", profite de l'inquiétude des Suisses. Elle obtiendrait 28% des voix, contre 26,6% à l'élection de 2011.

Le deuxième parti, le parti socialiste (PS), arriverait à se maintenir avec 19,3% des intentions de vote (+ 0,6% par rapport à 2011). Les libéraux du PLR, parti libéral-radical, profitent de cette évolution à droite, gagnant 1,7% à 16,9% des intentions de vote.

"Habituellement en Suisse, le débat porte sur les bons et les mauvais réfugiés mais avec la crise actuelle (...) les Suisses ont été choqués par ce drame humanitaire et il n'est pas sûr que l'UDC en profite beaucoup (...) d'autant que l'UDC a un petit peu atténué son discours, ils ont un peu arrondi les angles", estime Pascal Sciarini, professeur à l'Université de Genève.

Une vision que partage Roger Nordmann, vice président du groupe social démocrate à la chambre basse du parlement sortant: "l'UDC, qui a les mêmes positions que le Front National (extrême droite en France), est un peu plus discret ces dernières semaines sur ce sujet, mais ils essaient toujours de jouer sur la xénophobie, sur la peur de l'autre Cela reste dans beaucoup de pays, aussi en Suisse, un fonds de commerce électoral qu'ils essaient de faire fructifier".

Même à droite, la vision d'une Suisse fermée, prônée par l'UDC, interpelle. "L'enjeu est économique. La Suisse est un pays très fragile, sans matières premières, où la seule matière première est la matière grise", souligne le jeune PLR Fathi Derder, auteur d'un pamphlet remarqué, "le prochain Google doit être suisse". "On doit se battre pour rester innovants, notamment sur la question migratoire, en ouvrant nos frontières aux compétences et aux cerveaux dont on a besoin".

En réussissant à faire voter par referendum en février 2014 l'introduction de quotas restrictifs de migrants, même pour les ressortissants de l'Union Européenne cherchant du travail en Suisse, l'UDC a ouvert une crise avec Bruxelles.

L'UE, premier client du pays, menace d'annuler tous les accords bilatéraux si la décision est mise en oeuvre et si la libre circulation est supprimée. Près de 80.000 étrangers supplémentaires ont été autorisés à s'installer et à travailler en Suisse en 2014.

Les petits partis du centre et les verts-libéraux payent ce virage à droite, ils devraient perdre des voix et des sièges.

Les élections ont déjà commencé par correspondance et se caractérisent généralement par une forte abstention, les Suisses, adeptes de la démocratie directe, préférant se mobiliser pour les votations trimestrielles qui leur demandent de se prononcer sur des projets précis.

Dans les campagnes suisses, les conservatismes demeurent bien ancrés. "Je suis une femme entrepreneur, j'ai créé une petite société et élevé seule deux enfants, c'est mal vu chez les paysans de Thurgovie (canton proche de le la frontière allemande) qui considèrent toujours que les femmes doivent rester à la maison", explique à l'AFP Karin Peter Kis, candidate de centre droit. Un peu par dérision, un peu par provocation, elle donne sur son tract électoral la recette d'une spécialité locale, la soupe de pommes de terre et de pommes.

Aujourd'hui, sept partis se partagent les 200 sièges du Conseil National, la chambre basse. "Il y a une faible majorité de centre gauche, elle risque de basculer. L'UDC et le PLR pourraient reprendre la majorité et cela influencera les futures décisions", avertit Andreas Ladner, politologue à l'Université de Lausanne.

14 oct 2015

Pierre TAILLEFER

Source : AFP

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