samedi 23 novembre 2024 18:20

JR questionne le rapport à l’immigration dans un court-métrage avec Robert de Niro

En plein cœur de l’hiver, la silhouette Robert de Niro erre à travers les ruines de l’hôpital érigé sur le port d’accueil d’Ellis Island. Cette porte d’entrée sur le sol américain a vu transiter entre 1892 et 1954 plus de 12 millions d’immigrants issus principalement d’Irlande, d’Angleterre, d’Italie, de Russie et du reste de l’Europe.

Débarqués en masse par des ferrys à l’issue d’une traversée de plusieurs semaines, les passagers des première et seconde classes étaient acceptés sans trop de problèmes tandis que les migrants de troisième classe étaient systématiquement soumis à des questionnaires et examens médicaux complets. Tout individu porteur d’une maladie ou susceptible de l’être, ou présentant des signes de dérive psychologique était pris en charge par l’hôpital d’Ellis Island. Certains n’en sont jamais sortis. Une minorité de migrants était quant à elle tout bonnement refoulée, se voyant refuser définitivement l’accès au rêve américain et à une terre de refuge tant convoitée.

Photos d’archives à l’appui, JR ressuscite ces migrants dans ce lieu de vie et de mort qu’était l’hôpital d’Ellis Island, qui offre une vue imprenable sur la statue de la liberté. Des visages d’enfants, des photographies de personnel médical, de patients dans le noir et blanc signature de JR, des clichés contemporains: les images cristallisées jonchent le sol, les murs, les vitres brisées. L’hiver est blanc, la neige fantomatique, pénétrante, ses flocons tombent à l’infini sur Ellis Island et un Robert de Niro qui, valise à la main, semble fouler cette terre pour la première fois à la poursuite de chimères évanouies. Il est un immigrant, il est tous les migrants, figés à jamais dans la quête d’une vie rêvée. Un écho à une actualité sensible et la boucle est bouclée. Quelle flamme anime ces hommes et ces femmes prêts à tout pour se réinventer? Quels sons font vibrer leurs tympans, leurs cœurs? Quelles sont les premières images qui, la terre promise à peine foulée, imprègnent leur rétine? Comment vivent-il ces premiers instants d’une liberté d’un genre nouveau, marchant, hâtant le pas puis courant embrasser ce nouveau destin? L’émotion dans la voix, dans les yeux, dans la démarche habitée de Robert de Niro, intensifiée par la sublime bande son de Nils Frahm, est palpable : « Bob » est lui-même issu de l’immigration, tout comme l’est Eric Roth, le scénariste (Forrest Gump, Munich, Ali, House Of Cards), dont la famille est arrivée aux Etats-Unis par Ellis Island en 1894.

Pour créer une réflexion sur l’immigration, JR appelle à la création de communautés de discussion autour de projections gratuites, campagne de viralisation à l’appui. Le film a été montré en avant-première le 4 octobre lors du dernier New Yorker Film Festival tandis que la galerie Perrotin lui ouvre un espace dédié au 130 Orchard Street à New York où le film pourra être visionné jusqu’au 8 Novembre 2015.

31 octobre 2015,  Araso

Source : toutelaculture.com

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