Le député anti-Islam néerlandais Geert Wilders, en tête des sondages dans son pays, affirme dans un entretien à l'AFP vouloir fermer les frontières de son pays afin d'empêcher la venue de milliers de réfugiés, qu'il qualifie "d'invasion islamique".
Son parti pour la liberté (PVV) est plus populaire que jamais, surfant sur la pire crise migratoire que l'Europe ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale, et Geert Wilders ne quitte pas des yeux l'horizon 2017, avec des élections législatives et un possible poste de Premier ministre.
"La seule et unique manière de gérer la crise des réfugiés est de retrouver notre souveraineté nationale", assure-t-il lors d'un entretien à l'AFP du parlement néerlandais, à La Haye.
"Je ne demande rien d'insensé, je demande que notre gouvernement ferme ses portes, tout comme la Hongrie, que nous fermions nos frontières à ceux que nous considérons comme des migrants économiques et non comme des réfugiés".
Les formules lapidaires de Geert Wilders font souvent mouche au sein des milieux ouvriers ou de la classe moyenne, qui craignent des bouleversements sociaux si des milliers de demandeurs d'asile venus de Syrie, Afghanistan ou Irak s'installent au pays des moulins.
Les Pays-Bas ont accueilli 1.800 réfugiés la semaine dernière, selon le gouvernement néerlandais.- 'Gens en colère'
La question des réfugiés polarise un pays qui se targue pourtant de tolérance multiculturelle : les débats locaux et nationaux ont été marqués par des échanges d'insultes, des lettres de menaces, des violences physiques...
Le roi Willem-Alexander et les chefs de file des partis néerlandais, dont Geert Wilders, ont dès lors lancé un appel au calme.
"Les gens sont en colère, ils sont effrayés, ils veulent une politique différente et l'élite au pouvoir ne les écoute pas, soutient Geert Wilders, c'est pourquoi les partis comme le mien deviennent de plus en plus populaires".
Chef de file du PVV qu'il a créé en 2006, le député de 52 ans, aux cheveux blonds décolorés coiffés en arrière, est l'héritier politique du populiste néerlandais Pim Fortuyn, assassiné en 2002.
Selon les derniers sondages, le PVV remporterait 38 sièges de députés sur 150 si des élections étaient organisées maintenant. Un record pour le PVV.
M. Wilders avait obtenu son plus grand succès politique aux législatives de 2010 : son parti avait alors décroché 24 sièges de députés. Deux ans plus tard, tenu responsable de la chute de ce gouvernement, le PVV n'obtenait que 15 sièges.
S'il devait remporter les élections, Geert Wilders voudrait "lancer le processus pour quitter l'UE".
Selon le haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), 752.000 migrants sont arrivés en Europe via la Méditerranée depuis le début de l'année.
Une crise migratoire qui cause d'amères tensions au sein de l'UE et que Geert Wilders qualifie à répétition "d"invasion islamique".
La chancelière allemande Angela Merkel avait ouvert les portes de l'Allemagne aux réfugiés syriens : "nous ne devrions pas payer pour la stupidité d'Angela Merkel", assure le député.
Incitation à la haine
Tout n'est toutefois pas rose pour Geert Wilders : il doit être jugé en 2016 pour incitation à la discrimination et à la haine.
Lors d'une soirée après les municipales de mars 2014, Geert Wilders avait harangué ses partisans à La Haye, leur demandant s'ils voulaient "plus ou moins de Marocains dans votre ville et aux Pays-Bas".
"Moins! Moins! Moins!", avaient scandé les partisans, ce à quoi Geert Wilders avait répondu: "Nous allons nous en charger". Résultat : plus de 6.000 plaintes avaient été déposées.
Politicien le mieux protégé des Pays-Bas depuis l'assassinat en 2004 du réalisateur controversé et virulent critique de l'Islam Théo van Gogh, Geert Wilders serait sur la liste noire d'Al-Qaïda.
Le chef du PVV dit être opposé à toute violence, ce inclus contre les musulmans, bien que ses commentaires sur le Coran et l'Islam soient perçus comme très insultants par de nombreux musulmans modérés.
"Si les gens menacent d'utiliser la violence contre qui que ce soit, une personne ou une institution, ils doivent être traînés devant un tribunal et emprisonnés pour un long moment", soutient le populiste, quelques minutes avant de quitter le lieu de l'entretien accompagné d'une équipe de gardes du corps.
10 nov 2015,Jan HENNOP
Source : AFP