samedi 23 novembre 2024 18:13

Après la méfiance, un sommet de l'espoir pour les migrants

Les dirigeants de l'Union européenne et de l'Afrique se retrouvent en sommet, mercredi à Malte, pour tenter de répondre collectivement à la crise migratoire qui déchire bien des destins des deux côtés de la Méditerranée et au-delà.

Le menu a un goût de déjà-vu, mais il a le mérite cette fois de ne pas être servi dans l'urgence, ni de se contenter de simples mesures palliatives devant la pire tragédie des migrants et son lot quotidien d'horreurs.
Pour Bruxelles, à l'origine de cet évènement, c'est la première fois qu'un rendez-vous de ce niveau rassemble pays d'origine, de transit et de destination pour examiner des initiatives concrètes à même de faire face aux défis, mais aussi saisir les opportunités que représente la migration.

"Toutes les parties seront là pour sceller un partenariat plus poussé, opérationnel et basé sur des actions opérationnelles où trouvent leur compte pays émetteurs et ceux situés sur la route de migration depuis l'Afrique subsaharienne jusqu'en Europe", affirme-t-on auprès des organisateurs.

Pas question pour l'Europe de mettre en place des zones-tampon ou des centres de rétention des migrants, en dehors d'une stratégie de coopération globale, dès lors qu'une telle crise ne se résoudra pas sans l'aide active des pays du Sud.

Les appels alarmistes de certains dirigeants européens, prompts à vouloir verrouiller le Vieux continent, cèdent la place à une fervente quête de dialogue et de solutions. Méfiance, désaccords, divergences, les Européens sont jusqu'ici loin de maîtriser à eux seuls la situation, au point que le chancelier autrichien Werner Faymann, pessimiste, a mis en garde contre un "lent processus de décomposition" de l'Union européenne.

Après s'être divisés sur l'accueil de 160.000 réfugiés et le respect des règles de l'espace de libre circulation Schengen, ils se déchirent sur les moyens d'action pour affronter l'enjeu migratoire devenu une véritable crise existentielle pour l'Union.

"Nous ne sommes pas l'Union africaine", a lancé le chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, exaspéré par l'indécision des gouvernements et "l'échec lamentable" à relocaliser les migrants suite au refus de pays d'Europe centrale et orientale.

En clair, Africains et Européens auront à se pencher sur les causes profondes du phénomène sur la base de la responsabilité commune afin d'y apporter des remèdes à long terme, dans l'optique d'un engagement fort et pérenne pour le développement, la mobilité et l'intégration.

En convoquant un sommet international à Malte, l'UE souhaite en effet donner un contenu concret aux concluions du dialogue sur la migration et le développement lancé en 2006 au Maroc, partenaire écouté et le plus proche de l'autre rive de la Méditerranée.

De l'avis de l'envoyé de l'union pour la migration, Pierre Vimont, le rendez-vous de la Valette offre l'opportunité de faire avancer le projet d'un plan d'action conjoint sur la base de solutions qu'offrent des initiatives mises sur la table, comme celle du Processus de Rabat.

Portée par un groupe de pays européens et africains, dont le Maroc, cette initiative prône une gouvernance équilibrée et équitable de la question migratoire selon le principe de "la solidarité et la responsabilité de tous".

M. Vimont juge nécessaire de traduire sur le terrain les accords de principe sous forme d'actions susceptibles de remédier aux problèmes de la migration sur le continent africain comme en Europe.

C'est dans cette perspective que s'engage activement le Royaume de concert avec les pays membres du processus de Rabat, à un moment marqué par l'actualité chaque jour plus émouvante de la crise des réfugiés.

"Le sommet de La Valette ne doit pas être perçu comme une réunion de crise ou un point de rupture, mais en tant que prolongement naturel d'un dialogue initié à Rabat il y a dix ans", souligne le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, Nasser Bourita.

La conférence de Rabat en juillet 2006 avait en effet jeté les fondements d'une dynamique migratoire axée à la fois sur la mobilité et l'intégration des migrants, mais aussi sur la lutte contre l'immigration irrégulière et le renforcement des liens entre migration et développement.

Reste à savoir si les diverses parties prenantes sont en mesure de se faire confiance en vue d'une maîtrise crédible et d'une prise en charge pérenne du phénomène migratoire entre l'Afrique et l'Europe.

10 nov 2015,Abdellah Chahboun

Source : MAP

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