Les Européens vont faire pression sur l'Afrique pour qu'elle limite le flux de migrants vers l'Union européenne, lors d'un sommet commun qui s'ouvre aujourd'hui à Malte.
La Commission européenne espère que les Européens mobiliseront 3,6 milliards d’euros en faveur d’un Fonds fiduciaire pour l’Afrique, dont elle s’est engagée à apporter la moitié, afin de freiner le flux migratoire en provenance de l’Afrique.
Les États membres de l’UE et une trentaine de pays africains sont convenu de s’attaquer ensemble à La Valette aux « causes profondes » qui poussent encore tant d’Africains à partir de chez eux. « Ce sommet est un sommet pour agir », a déclaré le président du Conseil européen, Donald Tusk.
La rencontre de La Valette avait été programmée dès le printemps dernier, au lendemain d’un naufrage dramatique dans lequel 800 migrants étaient morts noyés en Méditerranée centrale, une « route » empruntée par des milliers de migrants africains.
Depuis, l’attention s’est déplacée vers les Balkans et les demandeurs d’asile syriens toujours plus nombreux, mais les flux venant d’Afrique n’ont pas cessé. Et les Européens sont décidés à dissuader ceux qu’ils ne considèrent pas comme des réfugiés, sauf exceptions comme les Érythréens.
En 2015, ces derniers sont les plus nombreux à être arrivés en Italie par la mer, parmi les plus de 140 000 migrants débarqués sur les côtes méditerranéennes depuis l’Afrique.
Le problème du retour des migrants irréguliers dans leur pays d’origine
Contrairement à l’afflux de réfugiés syriens, les migrations en provenance d’Afrique sont un « problème de long terme », souligne un diplomate européen. L’un des points les plus épineux à la Valette concerne les « retours et réadmissions » en Afrique des migrants irréguliers, que l’UE veut accélérer.
Le sommet devrait déboucher sur un « plan d’action », avec des projets concrets d’ici la fin 2016 : des aides financières mais aussi logistiques seront proposées, avec des plans de réinsertion ciblés.
Mais les pays africains sont vexés du « deux poids, deux mesures » entre le traitement de leurs ressortissants et celui des demandeurs d’asile syriens. Ils demandent aux Européens de ne pas totalement fermer leurs portes, en développant des « canaux de migration légale » (de tourisme, d’études, de travail). Inquiets des réactions de leurs opinions publiques, les dirigeants européens sont très frileux en la matière.
Des migrations internes au continent
L’UE se propose aussi d’aider le continent face à ses migrations internes, en aidant des pays accueillant eux-mêmes de nombreux migrants, comme le Soudan, le Cameroun ou l’Éthiopie.
« Les migrations africaines concernent surtout l’Afrique : l’émigration économique vers l’Europe est assez faible », a souligné sur ce point un responsable africain expliquant que le sommet chercherait des solutions pour « fixer les Africains qui ne sont pas menacés par la guerre en allouant des fonds au développement de l’emploi ».
Un accord spécifique de l’UE avec l’Éthiopie doit notamment être annoncé à La Valette.
Amnesty international craint justement la multiplication d’accords bilatéraux discrets à La Valette. « L’UE cherche à externaliser son problème migratoire », a déploré Iverna McGowan, une responsable de l’ONG, dans un entretien à l’AFP.
11 novembre 2015, avec AFP
Source : Jeune Afrique