Des ONG africaines et européennes ont signé une déclaration pour l'élaboration d'une nouvelle politique migratoire qui rompt avec l'approche sécuritaire actuellement adoptée.
Malte accueillera, du 11 au 12 novembre, un sommet qui réunira les leaders des pays des deux rives de la Méditerranée pour parler de la question migratoire. Une rencontre qui écarte de manière volontaire les ONG œuvrant dans le domaine de la migration. Une déclaration conjointe signée par les différentes associations européennes et africaines dénonce cette mise à l'écart préméditée orchestrée par les pays de l'Union européenne.
Mehdi Alioua, chercheur et président du Gadem (Groupe antiraciste de défense et d'accompagnement des étrangers et migrants), association signataire de la déclaration conjointe, estime que "l'Union européenne entraîne tous les pays limitrophes dans un délire hypocrite!".
La migration toujours abordée sous l'angle de la sécurité Et pour cause, "la question de la migration est abordée systématiquement et exclusivement sous l'angle sécuritaire". "Le plus souvent, l'UE contraint les pays du Sud à adopter la même approche", nous confie Mehdi Alioua. "Ces accords vont à l'encontre des traités et des conventions internationales. Mais plutôt que d'endosser la responsabilité de leur non-respect, l'UE pousse les Etats du Sud à ne pas respecter ces textes. En tant qu'ONG qui défendent les droits humains, nous dénonçons cela", ajoute notre source.
Pourtant, plusieurs Etats du Sud sont en train de changer leur approche de la question migratoire. Le Maroc et la Tunisie sont de bons exemples à suivre. "Il existe toutefois un risque que les pays de l'UE fassent pression pour que les pays qui ont adopté cette politique reviennent sur leurs acquis", analyse le président du Gadem. Et d'ajouter: "Il faut rompre avec ce rapport Nord-Sud caractérisé par l'aspect sécuritaire ou misérabiliste. En d'autres termes, la plupart des gouvernements des pays africains présentent le problème comme suit: "si vous ne voulez plus du problème migratoire, aidez-nous à nous développer!'"
Impliquer la société civile dans l'élaboration des politiques
Dans la déclaration signée par une trentaine d'ONG africaines et européennes, les organisations plaident pour
une intégration des acteurs de la société civile dans l'élaboration des politiques méditerranéennes sur la
migration. "Car jusque là, ces politiques ont été élaborées par les ministères de l'Intérieur des différents pays, en collaboration avec d'autres instances gouvernementales", observe M. Alioua.
Notons que parmi les signataires de la déclaration figurent l'Association marocaine des droits de l'Homme, la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme, l'Association européenne des droits de l'Homme, la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme, et d'autres organisations influentes au niveau régional.
11 nov 2015, Amine Belghazi
Source : medias24.com