Les capitales européennes sont montées en première ligne samedi pour renforcer leurs défenses face au terrorisme et assurer la sécurité de leur population, après les attentats de Paris revendiqués par le groupe Etat islamique (EI).
A Londres, Berlin, Madrid et Rome, les chefs de gouvernement ont convoqué des réunions d'urgence et annoncé un renforcement des mesures de sécurité en particulier aux frontières, dans les aéroports et les gares.
Dans tous les pays, la sécurité a été renforcée autour des ambassades, consulats, instituts culturels et lycées français.
Le Premier ministre britannique David Cameron a annoncé un réexamen des mesures de sécurité au Royaume-Uni, estimant que son pays faisait face à la "même menace".
"Nous allons revoir notre dispositif", a déclaré M. Cameron à l'issue d'une réunion de crise à Londres, alors que les mesures de sécurité ont déjà été renforcées dans le pays.
Le Foreign Office a conseillé la prudence à ses ressortissants dans les endroits publics en France alors que l'Eurostar proposait de rembourser les billets aux voyageurs souhaitant annuler leur déplacement à Paris.
La Belgique, qui déplore 2 morts dans les attentats, a quant à elle appelé ses ressortissants à éviter la France.
Signe de la tension ambiante, un terminal de l'aéroport londonien de Gatwick a été évacué après l'arrestation d'un Français de 41 ans en possession d'une arme, et la police tâchait samedi de déterminer "quelles étaient ses intentions".
Et à Amsterdam Schiphol, un Airbus 321 à destination de la France a été évacué pour être fouillé après des "menaces" adressées contre ce vol sur Twitter.
'Nous sommes tous la France'
La chancelière allemande Angela Merkel, que le président François Hollande a appelée samedi, à l'instar d'autres dirigeants, a annoncé une réunion ministérielle de crise.
Le ministre allemand l'Intérieur, Thomas de Maizière, a appelé à s'abstenir d'établir tout "lien hâtif" entre les attaques terroristes de Paris et la crise migratoire en Europe à l'issue de cette réunion.
"Je souhaiterais urgemment demander que personne n'établisse de lien hâtif avec le débat sur les réfugiés", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Le ministre répondait ainsi au nouveau gouvernement polonais conservateur, qui a remis en cause les accords européens de relocalisation d'immigrés, soulignant qu'il ne voyait "pas la possibilité politique de les respecter", selon Konrad Szymanski, futur responsable aux Affaires européennes.
Même tonalité en Bulgarie où le chef du gouvernement Boïko Borissov a appelé les citoyens à "la vigilance" à l'égard des migrants "au comportement suspect" qui traversent le pays.
A Vienne, où se tenait une réunion internationale sur la Syrie, la municipalité a reporté l'inauguration du célèbre marché de Noël qui devait avoir lieu dans la journée.
Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a annoncé une intensification des contrôles dans toute la péninsule et au frontières.
"Aujourd'hui, nous sommes tous la France", a proclamé le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, avant de présider un conseil de sécurité nationale à Madrid, frappée par un série d'attentats contre les trains en 2004 qui avait fait 191 morts.
Au même moment s'est tenue une réunion d'urgence des plus hauts responsables des services antiterroristes du pays. Cette "commission d'évaluation de la menace terroriste en Espagne" devait décider d'élever ou non, à son niveau maximum, l'alerte antiterroriste.
Le gouvernement suisse a placé l'ensemble de ses services de sécurité "en état de vigilance accrue".
Les Pays-Bas , le Portugal ont également annoncé un renforcement des contrôles de leurs frontières, dans les aéroports et les gares.
Hors Union européenne, la Russie, elle aussi impliquée dans le conflit syrien, a placé en alerte "élevée" l'ensemble de son système de sécurité "à la lumière des nouvelles menaces".
14 nov 2015,Florence BIEDERMANN
Source : AFP