samedi 23 novembre 2024 17:53

Attentats à Paris : la communauté musulmane inquiète

L a réaction a été immédiate. Peu après les attentats, dans la nuit de vendredi à samedi, à une heure du matin, le Conseil français du culte musulman (CFCM)a publié un communiqué condamnant « avec la plus grande fermeté » des attaques « odieuses » et « l'horreur des tueries perpétrées ».

Miné par les querelles internes, jugé peu représentatif de la population musulmane, le CFCM est souvent contesté. Mais cette instance reste la voix institutionnelle de la communauté musulmane en France. Et pour son président, Anouar Kbibech, il importait de réagir vite. « Hélas, il y a toujours, face à ces situations, une suspicion à l'encontre des musulmans. C'est injuste, mais nous avons intégré que ce soupçon existe : notre réponse rapide est une façon de couper court à tout amalgame », a-t-il expliqué hier à « Sud Ouest ».

Oubrou sans détour

Samedi, l'ensemble des grandes fédérations musulmanes, notamment l'Union des organisations islamiques de France, dénonçait dans une déclaration commune « la barbarie la plus abjecte revendiquée par Daesh ». Hier, Anouar Kbibech rappelait que « les musulmans font aussi partie des victimes de vendredi soir. À Saint-Denis ou à République, les terroristes ont visé deux quartiers cosmopolites. »

Parallèlement, plusieurs personnalités de l'islam appelaient sans détour à la mobilisation contre la radicalisation religieuse. « Dans nos mosquées, les imams doivent assumer leurs responsabilités, encadrer leurs fidèles, ne pas laisser de place à des groupuscules qui, dans ces lieux de culte, pourraient recruter. Si nous repérons des individus dangereux, nous devons, dans un esprit patriote, prévenir la police », déclarait sur Itélé Abdelali Mamoun, imam dans le Val de Marne.

Une inquiétude commune

« Il faut tuer le monstre dans l'œuf, et plus que jamais donner la bonne interprétation de l'islam », assurait pour sa part, dans ces colonnes, Tareq Oubrou, imam de Bordeaux. Pour lui, si le discours de certains imams est contraire à la loi, « ces prédicateurs doivent être expulsés » - quarante imams l' ont été depuis 2012 pour avoir tenu des propos d'incitation à la haine, selon des chiffres du ministère de l'Intérieur publiés cet été.

« Il faut l'envoyer à l'hopital psychiatrique ! », a même commenté Tareq Oubrou au sujet de l'imam de Brest, Rachid Abou Houdeyfa, qui tient la musique pour une « créature du diable ».

« Il n'est pas sûr que ces discours offensifs, qui plaisent aux médias, fassent l'unanimité parmi les musulmans de France… En revanche, l'inquiétude face à la radicalisation religieuse est, dans la communauté, très répandue », confiait hier soir un membre du conseil régional du culte musulman.

« La radicalisation, nous la subissons, notait Anouar Kbibech. C'est un risque auquel sont confrontées les familles. Des parents sont inquiets pour leurs enfants au moment de l'adolescence »

16/11/2015, julien rousset

Source : sudouest.fr

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