Des pays des Balkans filtrent les migrants par nationalité, interdisant à ceux venant de pays où il n'y a pas de conflit de poursuivre leur route vers l'Europe occidentale, ce qui provoque une file d'attente de centaines de migrants à la frontière gréco-macédonienne, selon des journalistes de l'AFP.
"Depuis hier après-midi (mercredi), les autorités serbes autorisent l'entrée dans le pays de réfugiés venant uniquement d'Afghanistan, de Syrie et d'Irak", a expliqué jeudi une porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Melita Sunjic.
La Macédoine voisine filtre aussi les migrants en provenance de Grèce mais en dressant une liste de pays dont les ressortissants ne peuvent pas passer (Maroc, Sri Lanka, Soudan, Liberia, Congo et Pakistan), a ajouté Mme Sunjic.
Une source au ministère macédonien de l'Intérieur a indiqué à l'AFP que depuis mercredi soir, la Macédoine autorise le passage depuis la Grèce "uniquement de migrants venant de pays en conflit".
Une vidéo-conférence était prévue jeudi après-midi entre les responsables régionaux chargés de la crise des migrants pour parler de la situation.
Quelque 2.000 migrants patientaient depuis le matin pour passer de Grèce en Macédoine, à Gevgelija, selon des journalistes de l'AFP.
Néanmoins, Skopje a assuré que le passage allait reprendre dans la soirée.
"Nous avons un certain retard, mais le passage de migrants va se poursuivre bientôt", a indiqué à l'AFP une source du ministère macédonien de l'Intérieur.
Pour sa part, le ministre serbe chargé des réfugiés, Aleksandar Vulin a affirmé que les "migrants économiques", c'est-à-dire ceux provenant de pays où il n'y a pas de conflit, ne pouvaient plus entrer dans son pays.
M. Vulin a indiqué que la Croatie voisine, ainsi que la Slovénie, pays qui se trouvent sur l'itinéraire des migrants, ne souhaitaient plus accueillir certains migrants et affirmé que la Serbie ne voulait pas se retrouver avec ces personnes coincées sur son territoire.
Pas de 'migrants économiques'
"Nous n'allons pas permettre l'entrée en Serbie à ceux qui ne pourront pas continuer leur route" via la Croatie et la Slovénie, a-t-il dit.
"La Serbie est un pays de passage et c'est ce qu'elle va rester", a-t-il ajouté.
A Zagreb, Marina Mandic, une porte-parole de la police croate a affirmé que "la Croatie acceptait (désormais) uniquement des migrants venant de zones de conflit" et refusait le passage de "migrants économiques".
C'est une demande de la Slovénie à l'adresse de la Croatie qui a provoqué ces réactions en chaîne.
Zagreb a refusé une demande slovène d'accepter le retour sur son territoire de 162 migrants que Ljubljana entendait refouler car ils ne venaient pas de pays en conflit.
"La Slovénie nous a demandé (mercredi) d'accepter 162 personnes. Nous avons refusé et nous avons informé nos voisins de cette situation", a déclaré un porte-parole de la police, Domagoj Dzigumovic.
Ljubljana a précisé qu'il s'agissait de ressortissants marocains et qu'en raison du refus croate le groupe allait être autorisé à poursuivre sa route vers l'Europe de l'Ouest.
Ces développements concernant la crise migratoire, interviennent alors qu'un passeport syrien non authentifié a été découvert près d'un kamikaze du Stade de France après les attentats de vendredi à Paris. Un migrant en possession de ce document avait été enregistré sur l'île grecque de Leros le 3 octobre. Il avait déposé une demande d'asile en Serbie et sa trace s'était perdue en Croatie.
Plus de 800.000 migrants sont arrivés en Europe par la mer et nombre d'entre eux via les Balkans depuis le début de l'année, en majorité depuis le Moyen-Orient.
19 nov 2015,Calin NEACSU
Source : AFP