samedi 23 novembre 2024 18:30

Au Maroc et ailleurs, des couscous de la fratérnité pour rester unis face à la barbarie

«Dans mon immeuble, il y a deux appartements occupés par des jeunes, issus de pays africains, en formation au Maroc. Mon couscous sera pour eux»

«Organisons partout des couscous de la fraternité». Un collectif de citoyens marocains du Royaume et de France mené par le très engagé Ahmed Ghayet a fait ce rêve. Samedi 21 novembre, l’idée d’organiser partout, au Maroc, en France, au Canada et ailleurs, des couscous de la fraternité pour dire non à la barbarie mais aussi aux amalgames est lancée. Une page «Event » est créée pour expliquer le propos des initiateurs et rallier le plus grand nombre à former une chaîne de la fraternité.
« 130 morts à Paris - victimes du terrorisme – le 13 Novembre, au lendemain même des attentats de Beyrouth qui avaient fait plus de 40 morts. Le 20 Novembre, une semaine après – jour pour jour – le terrorisme faisait 27 victimes à Bamako. L’horreur semble devenir le quotidien des populations innocentes qui paient un lourd tribut à la barbarie. Outre la douleur, la détresse, la peur ressenties, de nombreux dégâts collatéraux viennent mettre à mal notre ‘’vivre-ensemble’’ : le risque d’amalgame, le racisme, la suspicion, le rejet de l’Autre…la haine ! Face à la barbarie il nous faut rester unis, c’est le meilleur rempart à la propagation de la peur, de la violence. Pour les Musulmans le vendredi est jour sacré, jour de prière, de recueillement, de partage : un Collectif de Marocain(e)s du Royaume et de France a décidé de lui redonner son sens ! C’est pourquoi nous invitons tous nos compatriotes – où qu’ils vivent – à offrir ce Vendredi 27 Novembre le ‘’Couscous de la Fraternité’’ à leurs voisins de toutes origines et de toutes confessions, » écrivent ceux et celles qui sont à l’origine de cette action.

Très vite, les internautes adhèrent. Les propositions affluent. Au fil des heures et des jours, ils sont de plus en plus nombreux à s’inscrire dans ce vivre-ensemble, à vouloir renouer avec notre tradition de partage – valeur héritée de notre religion, de notre culture, de nos traditions, à souhaiter ouvrir leurs tables et partager le couscous de la fraternité.

«Je participe à cette noble cause en invitant mes voisins à un couscous en région parisienne en signe de recueillement pour toutes les victimes innocentes où elles soient en France au Mali en Syrie en Irak et là où la folie des hommes fait des ravages» a posté cet internaute sur la page facebook de l’événement.
«Dans mon immeuble, il y a deux appartements occupés par des jeunes, issus de pays africains, en formation au Maroc. Mon couscous sera pour eux», promet cette autre internaute.
Couscous de la fraternité pour les étudiants de l’UIR-Rabat.

Les lanceurs de l’idée jubilent. A l’évidence, ils seront nombreux ici et ailleurs à partager le couscous de la fraternité.

« En 24 heures nous avons enregistré de très nombreuses adhésions à notre initiative, merci et bravo à toutes ces personnes de coeur. Pour le moment nous pouvons d'ores et déjà vous informer que des couscous seront organisés (parfois même plusieurs dans une même ville) à Rabat, Casablanca, Marrakech, Mohammedia, Salé, Oujda... Paris, Région Parisienne (plusieurs villes),Lyon, Montpellier, Meaux, Dreux...Bruxelles, Londres, Rome, Montréal », témoigne Ahmed Ghayet, le président de l’association Marocains Pluriels .

Les étudiants de l’Université Internationale de Rabat, membres du Rotaract, adhèrent dès dimanche à l’initiative. Ce vendredi 27 novembre, ils organisent dans les mus de l’université un couscous géant de la fraternité où sont conviés les étudiants provenant d’horizons divers. «L’idée est de refléter le melting pot qu’est notre université. Nous vivons ensemble, nous étudions ensemble dans le respect de nos identités et de nos différences», fait valoir le jeune président du Rotaract de l’UIR-Rabat.
A Salé, les médecins et le personnel paramédical d’une clinique célèbre ont très vite répondu à l’appel. Les blouses blanches partageront, vendredi 27 novembre, le couscous de la fraternité. Des opérateurs économiques ne sont pas en reste. Un réseau marocain de contrôle technique dont le siège est à Rabat s’est joint au mouvement ainsi que deux sites d’information «Naktube» et «Dakhlalive».
Les photos et/ou les vidéos de ce repas de la fraternité organisé symboliquement un vendredi seront publiées par chacun des participants sur sa page facebook « afin d’en faire une chaine d’images d’union, pour redonner vie à la fraternité, pour redonner vie à notre Humanité, pour dire que face à la barbarie nous restons unis et noyer les réseaux sociaux d’images positives».

25 Novembre 2015, Narjis Rerhaye

Source : Libération

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