Dans les quartiers de Norrebro à Copenhague comme à Rinkeby dans la banlieue de Stockholm, l'inquiétude des migrants, notamment d'origine musulmane, est palpable.
Et pour cause, l'émotion suscitée par les attaques de Paris a renforcé l'instrumentation de l'immigration, nourrie par un amalgame de plus en plus fort entre Islam et extrémisme dans la foulée d'un flux sans précédent de réfugiés fuyant les zones de conflits.
Pour nombre d'acteurs associatifs marocains en cette partie nord de l'Europe, l'heure est à la mobilisation face à la prolifération du discours xénophobes et d'actes haineux sur fond d'une montée en force de l'extrême droite qui voit dans les étrangers la source de tous les maux.
Au Danemark comme en Norvège et, tout récemment, en Suède, pourtant traditionnellement terre d'asile réputée, les politiques musclée sur l'immigration ont pris le dessus avec un retour des frontières et un durcissement des législations anti-immigration quitte à sacrifier les valeurs de démocratie et des droits de l'Homme.
Un front commun pour défendre les valeurs du vivre ensemble face à l'extrémisme de tous bords et servir de pont entre pays d'accueil et d'origine s'imposait , estime l'acteur associatif dano-marocain, Anouar Touimi.
" La création d'une Coordination des Marocains de Scandinavie et d'Europe du nord répond dans ce sens au souci de fédérer nos efforts comme ONGs marocaines, impliquer et cibler davantage les jeunes générations et garantir à nos actions le plus large rayonnement dans nos pays d'accueil respectifs", ajoute-t-il dans une déclaration la MAP.
De l'avis de Karim Askary, de l'Association de dialogue et de communication maroco-islandais, la formation de cette coordination ambitionne aussi de contribuer à la promotion de la pratique religieuse modérée des Marocains, tout en œuvrant à renforcer davantage le sentiment d'identité nationale des membres de la communauté, en particulier les jeunes.
"Nous sommes tous concernés par l'effort nécessaire pour prémunir nos jeunes de toute sorte d'idéologies ou pensées qui pervertissent notre religion de paix et de tolérance" , a-t-il insisté.
Pour ce faire, ce militant associatif de longue date met l'accent sur la nécessité de promouvoir la formation religieuse sage et modérée qui reflète la réalité de l'Islam du juste milieu, notamment auprès des générations montantes qui constituent la cible numéro un des radicaux.
Abondant dans le même sens, Khalid Waham, de l'Association "Ouvriers marocains en Norvège" relève que ce nouveau cadre associatif plus large vient répondre à l'impératif de conjuguer les efforts des Marocains de Scandinavie et leur assurer le plus grand impact, aussi bien pour les actions à caractère culturel ou social que lors des interactions avec les acteurs politiques, associatifs ou médiatiques des pays de résidence.
Pour ce membre du Parti travailliste norvégien (opposition), il est indispensable aujourd'hui de rappeler la vérité de l'Islam, religion de paix et de tolérance, ainsi que les contributions importantes des Musulmans à la civilisation et à la culture humaines.
"Le rôle des Marocains dans la promotion de la pensée islamique sur la base d'un Islam ouvert et modéré et l'apport du Royaume dans la lutte contre l'extrémisme et le terrorisme doivent aussi être largement expliqués et mis en valeur dans cette partie d'Europe ", a encore plaidé M. Waham.
La consécration de la démocratie et des droits de l'Homme au Maroc s'appuie sur l'adoption d'un Islam modéré, a-t-il rappelé, en soulignant que cette démarche a fait du Royaume aujourd'hui un modèle en matière de gestion de la chose religieuse.
Détaillant les axes de travail du nouveau cadre associatif, Anouar Touimi qui préside une ONG à Copenhague a noté que l'accent sera mis sur la promotion des valeurs d'ouverture, de tolérance et du vivre ensemble, à travers la promotion du débat inclusif parmi les Marocains d'Europe du Nord qui sont aussi des citoyens de plein droit dans leurs pays respectifs et avec les acteurs des sociétés d'accueil.
"Notre objectif est de contribuer aussi au renforcement des liens culturels et sociaux avec la mère patrie, au rapprochement des générations composant aujourd'hui la communauté marocaine en vue d'une cohésion culturelle et identitaire qui permet au RME d'être un véritable pont entre leur pays d'origine et d'accueil " , note-t-il en insistant que ce large chantier appelle incontestablement l'adhésion de tous les acteurs de la société pour répliquer aux extrémistes qui ne jurent que par la logique de haine, de repli et du rejet de l'autre.
26 nov 2015
Source : MAP