Alors que l'afflux massif de réfugiés en provenance de Moyen-Orient et d'Asie ne cesse d'augmenter en Norvège, certaines ONG s'inquiètent du durcissement de la législation sur le droit d'asile.
En effet, les autorités ont rendu récemment plus sévères leurs critères pour accorder l'asile aux nouveaux arrivants, sous pression d'une droite populiste fustigeant des mesures trop laxistes en la matière.
Mais il y a aussi une autre Norvège. Plus que le soutien qu'apportent des ONG du pays scandinave aux réfugiés, c'est la mobilisation des innombrables bénévoles norvégiens qui frappe.
Agissant en âmes charitables, ces volontaires, dont certains sont d'origines étrangères, consacrent chaque jour plusieurs heures pour prêter main-forte aux demandeurs d'asile.
Outre la collecte des vêtements, des produits alimentaires et des contributions en nature, les bénévoles tentent de faciliter la communication entre l'Office national norvégien de l'immigration (UDI) et les nouveaux arrivants qui ne maitrisent pas le norvégien.
Dans un pays où le bénévolat est profondément ancré dans la société, une vague de solidarité a pris l'élan en particulier avec l'arrivée massive des réfugiés fuyant les guerres dans plusieurs zones du monde, a confié à la MAP Maya Saoud, une écrivaine syrienne résidant en Norvège.
Malgré les nombreuses tentatives, il semble que la plupart des demandeurs d'asile n'est toujours pas prête à s'intégrer en raison notamment des traumatismes dus aux conflits armés dans leurs pays, a estimé celle qui passe beaucoup de son temps à améliorer l'interaction entre l'UDI et les migrants d'origines syrienne et irakienne, mais aussi d'autres pays.
"J'essaie de fournir une aide à ces personnes" qui ont besoin d'un accompagnement psychologique en vue d'alléger leurs souffrances, a-t-elle dit, mettant en garde contre les impacts des difficultés économiques rencontrées par la Norvège sur le statut des nouveaux arrivants.
D'après l'UDI, les autorités auraient besoin d'assurer 100.000 logements en 2016 pour héberger le nombre croissant de demandeurs d'asile, dans la foulée d'une crise de logements aigue et d'une hausse du taux de chômage qui a atteint 4,6 pc, son plus haut niveau depuis une décennie.
De l'avis des économistes, le repli des cours du pétrole, qui représente près de 50 pc des exportations du pays et 25 pc de la richesse nationale, se fait ressentir progressivement dans les différents secteurs de l'économie norvégienne sous la forme d'une baisse des investissements et d'un affaiblissement de la couronne.
Pour sa part, Mohamed Khourchid, qui aide les réfugiés pakistanais et afghans, a mis l'accent sur la nécessité de l'accompagnement en matière d'intégration.
Ce bénévole d'origine afghane s'active dans la collecte des dons financiers pour répondre aux besoins fondamentaux des réfugiés, notamment avec l'approche de l'hiver.
D'autre part, il a évoqué l'ambigüité de l'avenir de ces demandeurs d'asile à cause de l'adoption d'une nouvelle politique migratoire plus sévère en Norvège.
La semaine dernière, une majorité de parlementaires (majorité et opposition) s'est prononcée en faveur d'une réforme en profondeur et à long terme de la politique d'asile de la Norvège incluant une procédure accélérée d'expulsion pour les personnes ayant été condamnées par la justice pénale.
Les nouvelles dispositions sur le droit d'asile sont instaurées pour une durée de deux ans et facilitent le rejet de la demande d'un réfugié si ce dernier a résidé dans un pays jugé sûr.
Les conditions d'interpellation et de détention des étrangers sont assouplies dans les cas où les demandes d'asile ont de fortes chances de ne pas être acceptées.
Des mesures d'assignation à un lieu spécifique et de présentation aux autorités locales des étrangers sont également prévues.
L'UDI prévoit l'arrivée d'environ 33.000 demandeurs d'asile cette année, alors que leur nombre se situerait entre 30.000 et 50.000 en 2016.
29 nov. 2015,Jamaleddine Benlarbi
Source : MAP