mercredi 3 juillet 2024 22:16

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Danemark : jihadisme et migrants en toile de fond d'un référendum sécuritaire

- Le très eurosceptique Danemark organise jeudi un référendum pour renforcer sa participation aux programmes européens de sécurité, un scrutin qui s'annonce serré entre la peur des attentats jihadistes et d'un afflux de migrants.

Tenu trois semaines après les attentats de Paris qui ont fait 130 morts, ce référendum était prévu pour 2016 mais il a été avancé, afin d'éviter les interférences avec celui que le Royaume-Uni doit convoquer avant 2017 sur son appartenance à l'Union européenne (UE).

Le principe du référendum a été approuvé en décembre 2014 par une majorité de partis représentés au parlement, malgré l'opposition du Parti populaire danois (Dansk Folkeparti, DF).

Cette formation eurosceptique et anti-immigration, arrivée deuxième aux législatives de juin, exerce une influence croissante sur la vie politique danoise. Depuis une quinzaine d'années, elle assure régulièrement une majorité parlementaire à la droite moyennant l'imposition de son programme sécuritaire et migratoire.

"Plus d'UE? Non merci!" Sans surprise, le DF a fait campagne pour le "non" au référendum.

Le Danemark, prévient-il en substance, risque à terme de perdre le contrôle de sa politique migratoire, un argument massue pour les électeurs inquiets des projets de répartition des migrants entre pays de l'UE alors que le Danemark en a accueilli 10 fois moins que son voisin suédois cette année.

Le camp du "oui", emmené par les libéraux du Premier ministre Lars Lokke Rasmussen et les sociaux-démocrates, a été accusé par ses détracteurs de vouloir faire peur sur le mode "Aidez la police: votez oui!".
Le Parti populaire socialiste a publié sur son site internet une photo du président français François Hollande devant le Bataclan le soir du 13 novembre, après l'assassinat de 90 personnes dans cette salle de spectacle parisienne.

"La crise des migrants, le terrorisme transfrontalier, le trafic d'être humains et le dumping social sont des défis que nous ne pouvons affronter seuls", écrit-il.

'Ja' et 'nej' au coude-à-coude

Pelle Jacobsen, un analyste web de 38 ans vivant à Copenhague, où un jeune Danois radicalisé a tué deux personnes en février dernier avant d'être abattu par la police, est de ceux que la menace jihadiste préoccupe.
"Je pense voter +oui+. Je suis pour une coopération policière approfondie", affirme-t-il.

Dans le doute, Frederikke Jars affirme de son côté qu'elle votera "non". "On ne peut pas revenir sur le +oui+ mais on peut toujours revoter plus tard", justifie cette étudiante de 25 ans.

Les derniers sondages donnent le "ja" et le "nej" au coude-à-coude.

D'après l'institut Megafon, 20% des sondés se disent plus enclins qu'avant les attentats du 13 novembre à répondre positivement à la question qui leur est posée, mais le grand nombre d'indécis (entre 20 et 30%) interdit tout pronostic.

Entré dans l'UE en 1973 mais jaloux de sa souveraineté, le Danemark accompagne du bout des lèvres la construction européenne.

Après le rejet du traité de Maastricht par les Danois en juin 1992, Copenhague a obtenu des dérogations dans trois domaines régaliens: l'euro, la défense et les affaires de justice et de police.

Ces exemptions avaient permis au gouvernement d'organiser un nouveau référendum un an plus tard, auquel les Danois avaient dit "oui".

Bon gré mal gré, le Danemark a participé aux principaux mécanismes de coopération de l'UE en matière de sécurité tout en maintenant une politique d'immigration restrictive. Le pays est membre d'Europol, l'agence européenne intergouvernementale chargée de la lutte contre le crime organisé, les trafics et le terrorisme.

Toutefois, "avec l'expansion de la règle communautaire (qui fait primer le vote à la majorité qualifiée), la participation du Danemark n'a pu rester au niveau des autres", remarque un diplomate européen.

Le traité de Lisbonne (2009) a singulièrement changé la donne, en faisant par exemple d'Europol une agence supranationale contrôlée par le conseil des ministres chargé des questions de police et de justice, dont le Danemark s'est largement exclu.

S'il veut rester dans le jeu, le pays doit renoncer à son désengagement. Le référendum propose une coopération à la carte et l'adoption de 22 textes européens sur la lutte contre le trafic d'êtres humains, la pédophilie, la cybercriminalité et la fraude.

1er dec. 2015,Sören BILLING

Source : AFP

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