Depuis les attentats du 13 Novembre, 35 agressions et menaces contre les musulmans ont été recensées en France. Une statistique en hausse «sensible», comme après «Charlie».
Après les attentats qui ont frappé Paris et Saint-Denis, ils avaient «envie de faire quelque chose», ont expliqué deux jeunes hommes le 25 novembre au tribunal correctionnel de Coutances (Basse-Normandie) : ce «quelque chose» a consisté à tirer sur un kebab, faute de mosquée dans les environs. Dans la nuit du 19 au 20 novembre, à Avranches, à bord d’une voiture dont ils ont tenté de masquer l’immatriculation, ils ont visé, au fusil de chasse, la vitrine d’un restaurateur dont le seul tort serait, à leurs yeux, d’être d’origine turque, donc assimilé à l’islam, donc à l’islamisme, donc au terrorisme.
Jugés en comparution immédiate, reconnus coupables de dégradation du bien d’autrui aggravée par un motif raciste, ils ont écopé de deux ans de prison dont un ferme. Et leur acte a intégré la liste des 35 agressions et menaces islamophobes relevées dans les quatorze jours qui ont suivi les attentats du 13 Novembre, selon un bilan de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (Dilcra). Les données de l’Observatoire national contre l’islamophobie, rattaché au Conseil français du culte musulman (CFCM), sont similaires : 34 actes en dix jours.
Dans tous les cas, c’est une hausse sensible par rapport à la «normale», mais c’est également, soulignent le gouvernement et le CFCM, une nette baisse par rapport au mois de janvier : après les attentats contre Charlie et l’Hyper Cacher, 116 actes racistes de ce genre avaient été déplorés en deux semaines. Comment expliquer cette relative «amélioration» ? Gilles Clavreul, président de la Dilcra, interrogé par Libération, voit deux pistes : «la protection policière de mille lieux de culte» et «un effet de prise de conscience citoyenne». «Le discours d’amalgame de l’extrême droite prend, mais ne se traduit pas dans la violence», avance-t-il. Il n’en reste pas moins que parmi les faits relevés, certains sont graves, comme l’agression d’une femme voilée à Marseille, le 18 novembre. Un homme de 20 ans, opérant un lien entre le foulard de cette femme et les attentats commis à Paris, lui a donné un coup de poing et un coup de cutter au thorax…Suite