Des participants au sommet euro-méditerranéen des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires ont souligné, mardi à Bruxelles, la nécessité de permettre aux migrants de s'insérer dans les sociétés d'accueil, relevant le rôle des pouvoirs publics qui "doivent favoriser les conditions de cette intégration".
L'analyste politique, Thomas Huddleston a mis l'accent sur la corrélation entre migrations et développement, affirmant que les personnes migrantes doivent être reconnues comme des acteurs à part entière du développement économique des pays d'accueil, dont les intérêts sont à prendre en considération.
Il a plaidé, à ce titre, pour l'amélioration des politiques européennes d'intégration des migrants à travers la réforme du système législatif, mais également par l'incitation à l'éducation et à la formation.
"Même si la question de la migration est passée au premier plan des priorités politiques de l'UE qui reconnaît ses contributions positives sur la croissance de l'Union en remédiant en partie aux pénuries de main d'oeuvre et de compétences, il n'en demeure pas moins que des problèmes persistent dans la mise en oeuvre des textes de loi pour garantir l'égalité des droits pour les immigrés", a-t-il indiqué.
Selon cet analyste, il n'existe pas de pratiques courantes en matière de reconnaissance des qualifications à l'étranger pour la plupart des secteurs, d'où la nécessité d'accorder "une grande attention" à la dimension des compétences à travers l'élargissement de l'accès à l'éducation, à la formation et au marché du travail que les pouvoirs publics doivent garantir.
Evoquant le lien entre les politiques d'intégration et l'opinion publique et politique, M. Huddleston a affirmé que les meilleurs taux d'intégration des immigrés sont observés dans les sociétés qui ont une tolérance à l'égard de l'émigration.
"Ces sociétés considèrent la migration un atout pour leur développement et un élément positif non négligeable, d'où les taux appréciables d'intégration réalisés au sein de ces sociétés", a-t-il expliqué.
De son côté, Mme Cinzia Del Rio, membre du Comité européen social et économique (CESE), a estimé que la migration a accompagné le développement tout au long de l histoire humaine. "Aujourd hui, il serait illusoire de vouloir contrôler, voire bloquer la migration internationale. Il convient au contraire de prendre acte de cette réalité et de reconnaître que la migration internationale peut constituer un réel atout pour le développement des régions d origine et des pays d accueil", a-t-elle déclaré.
Mme Del Rio a invité les gouvernements de la région euro-méditerranéenne à faciliter la mobilité, à jouer un rôle actif dans l'intégration des nouveaux arrivants dans leurs sociétés d'accueils et à reconnaître les qualifications étrangères pour faire face au vieillissement de la population européenne et aux éventuelles pénuries de main d'oeuvre et de compétences.
"Il ne s'agit pas seulement d'un devoir éthique, mais aussi économique. Si on prive les migrants de leur droit de vivre et de travailler, on les privera de leurs capacités de contribuer au développement économique", a-t-elle ajouté.
Elle a regretté, dans ce contexte, l'absence de stratégie européenne de politique d'intégration des migrants, d'approche stratégique, ou encore de plan d'assistance aux réfugiés.
Abondant dans le même sens sur l'apport de la migration face aux perspectives des déficits démographiques dans les pays de la rive nord, Johan Leman, président de l'association "Foyer" à Molenbeek (Bruxelles), a préconisé une "meilleure préparation" des migrants en termes de qualifications et de compétences professionnelles et une reconnaissance des diplômes des personnes hautement qualifiées.
L'ancien ministre du travail et président du CES de Palestine, Ahmed Majdalani, a appelé à la réforme des politiques européennes d'intégration, soutenant que les politiques adoptées jusque là "ont échoué à permettre aux migrants de s'insérer dans leurs sociétés d'accueil".
Mme Brenda King, membre du CESE, a appelé au respect des droits humanitaires des réfugiés et demandeurs d'asile conformément au droit de l'UE, appelant l'Union à lutter contre les inégalités et garantir aux migrants l'accès à la santé, à la protection sociale et à la formation.
11 déc 2015
Source : APS