L'Allemagne et la France ont proposé que l'agence européenne Frontex ait la possibilité, au moins théorique, de prendre en charge la surveillance des frontières extérieures de l'Union européenne même sans y être invitée par le gouvernement de l'Etat membre concerné.
L'initiative, qui vise en particulier la Grèce, traduit un durcissement des positions face à la crise des réfugiés, la plus grave qu'ait vécue l'Europe depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Dans une lettre adressée la semaine dernière à la Commission européenne et consultée mardi par Reuters, les ministres français et allemand de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve et Thomas de Maizière, écrivent que "dans des circonstances exceptionnelles, Frontex devrait être en mesure, de sa propre initiative et sous sa propre responsabilité, de déployer aux frontières des équipes de réaction rapide".
La lettre des deux ministres est datée de jeudi dernier, à la veille d'une réunion des ministres de l'Intérieur des Vingt-Huit. A son arrivée à Bruxelles pour ce conseil ministériel, De Maizière avait plaidé pour une extension des compétences de Frontex, l'agence chargée de la coopération aux frontières extérieures de l'Union.
"La Commission devrait présenter une proposition dont le but est que Frontex puisse se substituer à un Etat national qui ne parvient pas à remplir d'une manière efficace ses obligations dans la défense des frontières extérieures", avait-il dit, précisant que Paris et Berlin souhaitaient un renforcement des compétences de Frontex. (voir )
La proposition franco-allemande ne vise pas un pays en particulier, mais constitue une réponse à une frustration croissante face à l'incapacité des autorités grecques, en première ligne dans la crise, à contrôler la frontière sud-est de l'espace Schengen.
De Maizière et Cazeneuve estiment aussi que la Grèce et l'Italie, autre pays de "première arrivée", doivent retenir tous les migrants dans des "centres de réception" "aussi longtemps que nécessaire" pour étudier leurs demandes d'asile et vérifier leurs déclarations.
La question migratoire sera de nouveau abordée au plus haut niveau lors du prochain sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, les 17 et 18 décembre à Bruxelles.
De source européenne, on indique que la Commission Juncker devrait probablement appuyer un plan assez semblable à celui exposé par Berlin et Paris. Il inclurait la proposition d'une nouvelle Agence européenne de garde-côte et des frontières qui pourrait être déployée sans invitation d'un Etat.
Le plan de la Commission est attendu pour le 15 décembre.
Les traités européens prévoient une responsabilité souveraine des Etats sur les frontières extérieures de Schengen relevant de leur territoire. Mais la situation de la Grèce submergée par l'arrivée de migrants a incité d'autres Etats membres à imposer des contrôles à l'intérieur de l'espace de libre circulation et à demander une approche plus collective concernant les frontières extérieures.
8 déc 2015,Alastair Macdonald
Source : Reuters