mercredi 3 juillet 2024 22:24

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La diatribe de Trump vient renforcer le malaise des musulmans aux Etats-Unis

"Il donne le droit aux gens de s'en prendre à nous", s'alarme Ahmed Shedeed, un musulman américain réagissant aux propos du candidat Donald Trump contre ses coreligionnaires, qui viennent alimenter un racisme de plus en plus pressant aux Etats-Unis.

Le milliardaire dominant la course aux primaires républicaines a provoqué un tollé lundi en appelant à fermer les frontières américaines aux musulmans, une proposition extraordinaire même à l'échelle des déclarations incendiaires dont il est familier.

Son idée décriée, jusque dans son propre camp, fait suite à d'autres coups de sang du républicain contre la religion musulmane. Fin novembre, il avait ainsi affirmé que des musulmans aux Etats-Unis et dans le monde avaient fêté en 2001 les attentats du 11-Septembre.

"C'était de la torture, nous étions effrayés, en larmes" après ces propos, se souvient Ahmed Shedeed, directeur du centre islamique de Jersey City, s'exprimant dans une mosquée près de New York.

"Si M. Trump avait été actif à l'époque du 11-Septembre et avait tenu des propos pareils, je suis sûr que beaucoup d'entre nous auraient souffert", poursuit cet homme arrivé d'Egypte en 1980 et directeur d'une agence de voyages.

La proposition de M. Trump intervient aussi dans un regain de tensions alimentées par les attentats de Paris le 13 novembre et la mort de 14 personnes mercredi en Californie dans une fusillade perpétrée par un couple de musulmans radicalisés.

Plusieurs voix se sont élevées pour mettre en garde contre un sentiment anti-musulmans à travers le pays. Le Comité de relations américano-islamiques (CAIR) affirme avoir documenté une série d'abus, d'actes de vandalisme et de discriminations survenus le mois dernier.

"Donald Trump ressemble plus au leader d'une foule prête au lynchage que d'un grand pays comme le nôtre", s'est désolé le directeur de CAIR, Nihad Awad.

Un buraliste roué de coups

Quelques heures avant que M. Trump ne fasse sa déclaration controversée, qui semble directement enfreindre la Constitution des Etats-Unis, des responsables de la communauté musulmane du New jersey (est) avaient rencontré des procureurs pour leur demander de prendre au sérieux les accusations de crimes racistes contre des musulmans.

Une série d'événements, des crachats contre des femmes voilées, un chauffeur de taxi abattu par balle dans le dos, une tête de porc retrouvée devant une mosquée de Philadelphie, ont déclenché un véritable sentiment de peur.

Najiba Saleh, une mère de quatre enfants installée aux Etats-Unis depuis trois décennies, explique se sentir en danger pour la première fois de sa vie.

"Quand (les enfants) quittent la maison, je me demande +et si quelqu'un passe en voiture et les voit et les prend pour cible+", confie cette habitante du New Jersey, expliquant que la fratrie se rend quatre fois par semaine au domicile d'un ami pour étudier le Coran.

Ahmed Shedeed s'inquiète de ce sentiment de peur et du sort des 2,75 millions de musulmans aux Etats-Unis --ce chiffre donné par le Pew Research Center en 2011 est inférieur aux 6 à 12 millions avancés par des membres de la communauté.

"Je demande (à Donald Trump), je le supplie, de mettre fin à toutes ces accusations. Considérez la communauté musulmane comme une composante de la mosaïque américaine, nous faisons partie des Etats-Unis", souligne-t-il.

En dépit des appels du président Barack Obama à ne pas faire d'amalgames entre l'islam et les islamistes radicaux, les discriminations et violences se poursuivent.

A New York, un buraliste affirme avoir été roué de coups samedi par un quinquagénaire disant vouloir "tuer des musulmans", se rappelle Sarker Haque.

Il a été frappé à la tête, au visage, aux côtes, souffre d'une lèvre coupée et d'une luxation de la main gauche.
"Je ne m'étais jamais senti en insécurité auparavant (...) maintenant je regarde à gauche et à droite", constate-t-il, avec un oeil encore tuméfié. Son assaillant a été arrêté par la police.

8 déc 2015,Jennie MATTHEW

Source : AFP

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