mercredi 3 juillet 2024 22:26

picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

Orban le paria remis en selle par la crise migratoire

Réduction du flux de réfugiés, contrôle voire clôtures aux frontières, les thèmes de prédilection du Premier ministre populiste hongrois Viktor Orban se sont imposés au fil de la crise migratoire, tirant le trublion de l'UE de son isolement politique.

Si la chancelière allemande Angela Merkel a été désignée personnalité de l'année par le magazine Time, c'est Orban, son antithèse en matière de politique migratoire, qui a eu les honneurs du magazine de politique européenne Politico.

L'hebdomadaire bruxellois a décerné au pourfendeur ultra-conservateur du "libéralisme occidental" la palme de l'Européen le plus influent de l'année pour "avoir fait basculer le débat sur la façon d'accueillir les réfugiés vers un débat sur la façon de les stopper".

"Un beau cadeau de fin d'année", se réjouit Gyorgy Schopflin, député européen du parti Fidesz du Premier ministre, qui prouve qu'"Orban avait raison" dans sa défense de "l'Europe forteresse".

Arborant un grand portrait d'Orban, le magazine suisse "Die Weltwoche" a récemment fait sa couverture sur "Le défenseur de l'Europe" quand l'hebdomadaire autrichien de centre-gauche Profil se demandait en novembre, en titre d'un dossier consacré aux réfugiés, "Quelle part d'Orban en chacun de nous ?"

Forme de consécration politique, le Premier ministre hongrois a été dès la fin septembre l'invité de la CSU, la branche bavaroise du parti d'Angela Merkel, très critique sur les choix d'accueil des réfugiés de la chancelière.

Quelques semaines plus tard, le chef des conservateurs autrichiens et vice-chancelier Reinhold Mitterlehner observait, dans une interview, que "Orban n'avait pas tout à fait tort" de s'arcbouter sur la défense des frontières.

Une reconnaissance inespérée pour le dirigeant hongrois cloué au pilori par ses partenaires européens et les organisations humanitaires lorsqu'il a coupé, à partir de la mi-septembre, la route aux migrants transitant par son pays en installant des kilomètres de barbelés aux frontières serbe, puis croate.

Troisième mandat ?

Dans son rejet de l'accueil des réfugiés, qualifiés au choix de "criminels" ou de "péril" pour la civilisation chrétienne, Orban "a été le seul leader européen constant", remarque Tamas Lanczi, de l'institut pro-gouvernemental hongrois Szazadveg. Et d'une efficacité redoutable: le passage des migrants par la Hongrie a été totalement stoppé, quand 400.000 d'entre eux avaient été dénombrés entre janvier et octobre.

Cette posture a finalement "brisé l'isolement international de la Hongrie", régulièrement tancée pour les penchants autoritaires de son dirigeant revenu au pouvoir en 2010, estime de son côté Attila Juhasz, de l'institut Political Capital.

Slovénie, Macédoine et même Autriche ont fait le choix d'ériger des clôtures, plus ou moins draconiennes. Et plusieurs Etats dont l'Allemagne et la France ont mis en place des contrôles en frontières prolongés de mois en mois.

La Hongrie par ailleurs a entraîné Slovaquie, République Tchèque et Pologne dans sa fronde contre les quotas de réfugiés, conduisant certains observateurs à parler d'une "orbanisation" de la politique étrangère dans l'est de l'UE.

Mais les dirigeants des pays voisins "ne croient pas forcément qu'Orban ait raison, ils voient juste que c'est une stratégie qui marche politiquement", nuance le politologue hongrois Csaba Toth.

Et "sur le long terme, si les solutions de l'UE pour juguler la crise des réfugiés se révèlent efficaces (relocalisation, collaboration avec la Turquie, tri des migrants aux frontières), Orban perdra finalement son influence", estime Istvan Hegedus, directeur d'un centre d'études pro-européen à Budapest.
Pour cet analyste, le Premier ministre hongrois "reste un dirigeant marginalisé sur la scène politique européenne. Aucun responsable gouvernemental ou de parti politique ne vient en visite à Budapest", remarque-t-il. La dernière fois que ce fut le cas, avec Mme Merkel en février, ce fut... pour une leçon à peine voilée de bonnes manières démocratiques.

Mais en Hongrie, le discours anti-migrant semble avoir resserré les rangs autour du Fidesz, encore talonné récemment par la formation ultranationaliste Jobbik.

Dans un sondage paru la semaine dernière, le Fidesz a ainsi été donné comme le parti au pouvoir le plus populaire, à l'approche du mi-mandat, depuis la fin du communisme.

Et lors du congrès de son parti, dimanche à Budapest, Viktor Orban, devant une haie de dizaines de drapeaux hongrois, a confirmé sa volonté de briguer aux élections de 2018 un troisième mandat consécutif de Premier ministre.

18 déc 2015,Peter MURPHY

Source : AFP

Google+ Google+