Le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq), dans son Bref du mois de décembre 2015 a analysé les difficultés rencontrées par les jeunes issus de l’immigration pour entrer sur le marché du travail.
Par rapport aux Français d’origine, les jeunes issus de l’immigration ont plus de peine à accéder à l’emploi, et tout particulièrement ceux d’origine maghrébine et d’Afrique subsaharienne. « Ce résultat s’explique en bonne partie par leurs plus faibles niveaux de diplômes, en lien avec leurs origines socioéconomiques modestes et la ségrégation résidentielle et scolaire qu’ils subissent. Il est néanmoins confirmé à niveau d’éducation et caractéristiques comparables. Ce désavantage dans l’accès à l’emploi est alors attribué à une discrimination à l’embauche », précise le Céreq.
D’autre part, « les résultats montrent qu’une fois en emploi, les jeunes issus de l’immigration maghrébine accèdent à des emplois de moins bonne qualité que les Français d’origine. Ce désavantage se maintient après sept ans de vie active, avec un effet attribuable aux origines statistiquement significatif. Comme pour l’accès à l’emploi, les jeunes originaires de l’Europe du Sud ne pâtissent pas du même désavantage. »
Et d’ajouter que « les jeunes d’origine maghrébine présentent en moyenne de plus faibles niveaux de formation initiale. Ils sont plus nombreux à sortir du système scolaire sans aucun diplôme, comparés aux jeunes Français d’origine et à ceux originaires d’Europe du sud.
Toutefois, les inégalités de niveaux de diplôme s’expliquent essentiellement par leurs origines socioéconomiques et la ségrégation spatiale: 40% des jeunes d’origine maghrébine sont enfants d’ouvriers contre 12% pour les Français d’origine; 23% résident en Zone urbaine sensible (Zus) à la sortie du système éducatif contre 4% respectivement.
L’orientation contrariée subie plus souvent par les descendants d’immigrés maghrébins, les garçons en particulier, conduit aussi à l’échec scolaire. Ces jeunes sont notamment sous-représentés dans les formations par apprentissage, contrairement aux jeunes originaires d’Europe du sud. Ces caractéristiques initiales défavorables pèsent sur leur accès à l’emploi. »
Ainsi, « les jeunes d’origine maghrébine connaissent en moyenne près de 27 mois de chômage durant leurs sept premières années de vie active contre moins de 11 pour les Français d’origine. » Ensuite, ils alternent souvent entre des périodes en emploi et des périodes de chômage. De plus, les emplois auxquels ils accèdent sont de moins bonne qualité.
« Après trois ans de vie active, les jeunes d’origine maghrébine occupent des emplois plus précaires que les Français d’origine. Ils sont notamment surreprésentés dans l’intérim et sous-représentés dans les postes de fonctionnaires. La prédominance du concours à l’entrée de la fonction publique ne permet pas de lever tous les obstacles à leur embauche.
Les jeunes originaires d’Europe du Sud occupent quant à eux majoritairement des CDI, mais très peu sont fonctionnaires. Quelle que soit l’origine, les descendants d’immigrés occupent davantage d’emplois à temps partiels, souvent contraints. »
A cela s’ajoute qu’ « en termes de rémunération, les jeunes d’origine maghrébine perçoivent des salaires et traitements moins élevés que les Français d’origine, avec des écarts plus élevés aux extrémités des échelles de rémunération.
Ainsi, 32% des premiers perçoivent une rémunération inférieure au SMIC mensuel, en lien avec la part importante d’emplois à temps partiels au sein de cette population, tandis que seuls 15% sont rémunérés au-dessus du salaire médian (contre 23% pour les Français d’origine). Ces jeunes ont de plus faibles niveaux de diplômes, ils bénéficient également moins de promotion et d’augmentation salariale au sein de leur entreprise depuis leur embauche. Cependant, des travaux montrent qu’il n’existe plus de différences de salaires à caractéristiques comparables. »
Si la moindre qualité des emplois auxquels ils accèdent s’expliquent par un faible niveau d’étude, après sept ans de vie active, on remarque « un ‘effet origine’ devenant statistiquement significatif: les jeunes d’origine maghrébine ont plus de risques d’occuper un emploi de mauvaise qualité (emplois précaires et sous-emploi) à niveaux d’études et origines sociales comparables. Ainsi, il existe une ‘pénalité maghrébine’ en termes de qualité de l’emploi. Leur niveau de formation et leurs caractéristiques sociodémographiques ne suffisent pas à expliquer l’intégralité de leur désavantage et d’autres facteurs interviennent. »
le 04/01/2016 , Sepausy Victor
Source : savoir.actualitte.com