D'abord, un petit livre : répondre aux préjugés sur les migrations : petit guide de survie rédigé par Myriam Perlant aux éditions Ritimo.
Qui n'a pas entendu dire (et répéter) que les migrants ne sont pas comme nous? Des phrases chocs, des réflexions sulfureuses lancées à propos de celles et ceux qui arrivent d'ailleurs sont bien "distillées" et entretenues par les aspirants au pouvoir.
Mettre un mot, le vrai mot, avec chiffres à l'appui sur dix idées reçues courantes sur les migrations voilà donc la réponse de Myriam Perlant. De "on ne peut pas accueillir la misère du monde" en passant par "ils profitent des aides" et "on va tous finir voilées" voilà donc les préjugés de la France et des Français disséqués, expliqués et agréablement bien rédigées.
Un petit ouvrage avec une mise en page dynamique et des dessins (parce que les dessins nous ramènent en enfance et nous font mieux comprendre !). Un petit guide à mettre dans les mains de tous les lecteurs pressés de comprendre la migration.
Maintenant que nous avons toutes les réponses autour de nos préjugés, nous allons découvrir : du village à la ville: comment les migrants changent le monde.
Doug Saunders est journaliste. Il a été primé à plusieurs reprises à Londres pour ses reportages. Il a rédigé un document lucide, optimiste, sur la force du mouvement, de la migration des femmes et des hommes dans différents pays. Il explique que le phénomène migratoire ne fait que commencer (Sale temps pour les conservateurs et autres...).
Pour ce faire, il a séjourné à Lima, à Karachi, à Djakarta, à Manille, en France et bien d'autres lieux de la planète. Il a rencontré aussi des historiens des chercheurs... Bref, l'homme s'est passionné pour son autre sur les différents continents et cela donne un ouvrage exceptionnel !
Maintenant que nous avons fait le tour "technique" de la migration, nous allons découvrir ce que les migrants nous murmurent: leurs expériences de vie: Tous nos noms de Dinaw Mengestu (Albin Michel).
Un très beau roman à deux voix: celui d'Isaac, un jeune étudiant africain qui débarque aux Etats-Unis et la voix d'Helen, une assistante sociale qui est en charge de son dossier. Ils se racontent. Ils nous murmurent leurs différences, leurs solitudes, leurs passés. Je me disais qu'un jour, je découvrirais une maison ou un quartier qui me donnerait l'impression d'avoir été construit pour moi seul. J'ai dû parcourir plus de kilomètres que n'importe quel homme de mon entourage, et j'ai fini par comprendre que je ne dénicherais jamais un tel endroit, même si je marchais jusqu'à la fin de mes jours. Inutile de se lamenter. Nombre de gens ont un sort autrement pénible. Ils rêvent de s'ancrer dans un lieu qui ne voudra jamais d'eux. J'ai commis cette erreur autrefois
A noter que ce livre fut un événement exceptionnel aux Etats-Unis lors de sa parution en octobre dernier
Pour finir Encore de Hakan Günday, un écrivain turc installe un petit garçon de 9 ans, dans le monde impitoyable des passeurs, qui "charrient par bateaux" les clandestins.
Bon, il s'agit là d'un livre sur la violence des hommes sur d'autres hommes; Comme dit le proverbe : l'homme est un loup pour l'homme. C'est l'analyse de l'ouvrage.
Attention âmes sensibles, il s'agit d'une descente dans l'enfer de la migration. La force du mal existe, elle est bien réelle pour celles et ceux à la recherche d'un meilleur ciel.
12/01/2016 , Gillette Aho
Source : huffingtonpost.fr