Elle a paru longue, très longue, cette minute pendant laquelle le public, massé dans la salle de la cour d’assises du palais de justice de Bobigny, n’a pas compris le verdict qu’énonçait le président Jean-Marc Heller. Il venait de dire qu’aux trois premières questions, qui portaient sur la culpabilité du gardien de la paix Damien Saboundjian pour les faits de « violences volontaires ayant entraîné la mort » d’Amine Bentounsi, la cour et les jurés avaient répondu « oui ».
Mais tout l’enjeu du procès tenait dans la quatrième et dernière question : les actes commis par l’accusé étaient-ils commandés « par la nécessité de sa défense » et susceptibles de le faire bénéficier de la cause d’irresponsabilité pénale, comme l’avait plaidé son avocat, Me Daniel Merchat ? « La réponse est oui », a indiqué le président. Un temps. Un lourd silence. Des visages tendus, interrogatifs. « Ce qui signifie que la cour et les jurés prononcent l’acquittement de Damien Saboundjian. »
A la stupeur ont succédé les hurlements de colère. Les CRS positionnés le long des travées ont aussitôt dressé un cordon de sécurité entre le groupe compact des collègues de l’accusé et celui, plus nombreux, des amis et de la famille de la victime, tandis que des policiers en civil, le bras ceint d’un brassard orange, exfiltraient en urgence Damien Saboundjian par une porte arrière. Les cris « la police tue et la justice acquitte ! » résonnaient encore lorsque la sœur de la victime, Amal Bentounsi, s’est approchée du pupitre de l’avocat...Suite