Plusieurs centaines de manifestants ont défilé dimanche dans le nord-est de la Grèce contre la clôture érigée à la frontière terrestre gréco-turque, réclamant l'ouverture de passages sécurisés pour les migrants, deux jours après la noyade d'au moins 45 réfugiés en mer Égée.
Répondant à l'appel d'organisations de gauche, les manifestants, dont des militants turcs, brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : "Ouvrez les frontières, assez de noyades en Égée !", en grec, turc et anglais.
Partis du village de Kastanies, et portant pour certains un gilet de sauvetage devenu un symbole de l'exode en mer Egée et de ses périls, ils ont été stoppés par la police à plusieurs centaines de mètres de la clôture, située dans une zone militarisée à l'accès restreint.
Un groupe d'immigrés pakistanais tenait une banderole avec la photo du petit Syrien Aylan gisant mort noyé sur une plage turque qui avait ému l'opinion mondiale en septembre. Depuis, des dizaines d'autres "Aylan" ont péri dans des circonstances similaires en Égée, dont au moins 20 pour la seule journée de vendredi, dans trois naufrages entre la Turquie et les îles grecques.
Un autre groupe de contestataires a été bloqué par les autorités turques au poste-frontière de Kypoi, où il était arrivé en car pour rejoindre un rassemblement de militants turcs.
Cette manifestation, la deuxième du genre depuis octobre, intervient après que les drames de vendredi ont relancé les appels à l'Union européenne à ouvrir des accès pour éviter aux exilés affluant en Europe - plus de 850.000 en 2015 via la Turquie puis la Grèce - de risquer leur vie en Egée.
Longtemps point de passage clandestin, la frontière terrestre gréco-turque a été fermée en 2012 par une clôture de 12,5 km de long, là où le fleuve frontalier Evros entre en territoire turc, en dépit des réticences à l'époque de la Commission européenne.
L'idée avancée par de nombreux humanitaires d'y mettre en place un couloir migratoire, un moment envisagée, est désormais officiellement écartée par la Grèce, que ses partenaires européens exhortent à tarir le transit par son territoire des populations fuyant guerres et misère.
"Il n'est pas mauvais aujourd'hui que cette clôture existe (...) la Grèce ne peut pas accueillir plus de gens qu'actuellement", a plaidé samedi le ministre grec des Affaires Étrangères, Nikos Kotzias, concluant une visite à Berlin, selon l'agence de presse grecque Ana.
24 jan 2016
Source : AFP