L'Autriche a appuyé samedi une demande de longue date de la Hongrie qui veut "une ligne de défense" dans les Balkans, en premier lieu en Macédoine, pour stopper l'afflux de migrants face à l'incapacité de la Grèce à "protéger l'espace Schengen".
"Il nous faudra bien une solution pour les frontières extérieures", a souligné le chef de la diplomatie autrichienne, Sebastian Kurz, à l'issue d'une réunion de l'UE à Amsterdam où étaient également conviés les pays des Balkans et la Turquie.
"Si nous ne gérons pas la frontière entre la Turquie et la Grèce, la seule possibilité sera de coopérer avec la Slovénie, la Croatie, la Serbie et la Macédoine, pour protéger l'espace Schengen de notre mieux", a-t-il lancé, en énumérant les pays que traversent les migrants depuis la Grèce dans l'espoir de rallier le nord de l'Europe.
Dans cette liste, seule la Macédoine a une frontière commune avec la Grèce.
Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, a estimé de son côté que l'UE était "sans défense au Sud", en critiquant Athènes. "Nous avons besoin d'une autre ligne de défense, comprenant à l'évidence la Macédoine et la Bulgarie", a-t-il ajouté.
Ces déclarations font écho à celles du Premier ministre populiste hongrois Viktor Orban qui le 22 janvier, au côté de son homologue slovène Miro Cerras, avait appelé à isoler la Grèce, au moyen d'une clôture en Macédoine et en Bulgarie, pour constituer une "seconde ligne de défense".
Les migrants contournent désormais la Hongrie, dont M. Orban a entièrement fait grillager les frontières avec la Serbie et la Croatie.
La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a démenti samedi que l'Union européenne préparait une mission policière ou militaire en Macédoine, que plusieurs capitales d'Europe centrale appellent de leurs voeux. "Je ne pense pas que ce soit une solution" de fermer les frontières, a-t-elle insisté.
"Nous devons éviter une situation dans laquelle les pays (...) dans les Balkans occidentaux deviennent une espèce de parking pour réfugiés", a pour sa part estimé le commissaire européen à l'Elargissement, Johannes Hahn.
M. Kurz avait mis en garde Athènes dès son arrivée vendredi à Amsterdam, alors que la Grèce est pointée du doigt par la Commission européenne pour avoir "sérieusement négligé ses obligations" dans la gestion de l'afflux de migrants, mettant en danger le fonctionnement de l'espace Schengen.
"Nous devons dès maintenant discuter en parallèle avec la Serbie et la Macédoine", avait-il expliqué, demandant une "solution urgente" pour endiguer les flux de migrants.
"Je ne pense pas qu'on devrait faire de nous une +ligne de défense+, mais nous pouvons être une frontière où les contrôles fonctionnent (...) nous le faisons à notre frontière", a répliqué le ministre macédonien des Affaires étrangères, Nikola Poposki, devant des journalistes.
La Macédoine, qui a vu transiter 700.000 migrants en 2015, reçoit des renforts policiers et en équipements de plusieurs pays européens, dont la Hongrie et l'Autriche, a-t-il rappelé.
L'UE demande depuis des mois que la Grèce ouvre des centres d'enregistrement et d'identification sur les îles en mer Egée pour permettre de distinguer, dès leur arrivée, les réfugiés des migrants économiques, car les Européens souhaitent expulser ces derniers le plus rapidement possible.
Malgré un contentieux historique entre Skopje et Athènes, M. Poposki a défendu ses voisins grecs.
"Nous ne devrions pas sous-estimer les efforts qui sont nécessaires là-bas. Il est très difficile de défendre une frontière maritime et c'est très compliqué à faire quand vous avez une pression de plus de deux millions de migrants qui se trouvent déjà en Turquie", a-t-il dit.
6 fév 2016
Source : AFP