Crise grecque, drame des migrants, montée des populismes, menace de « Brexit »… Les « européistes » ne cachent plus leur crainte de la « désintégration » de l’Union européenne.
Strasbourg, un soir de semaine au Parlement européen. Martin Schulz, le président de l’institution, prend un verre avec les journalistes encore présents. Ce 19 janvier a eu lieu l’audition en plénière de la première ministre polonaise, Beata Szydlo. Victoire par K.-O. de la représentante du nouveau parti au pouvoir à Varsovie, aux tendances autoritaires très marquées, contre des eurodéputés démunis face à sa rhétorique efficace. Tout le monde est un peu groggy.
M. Schulz prend la parole, c’est l’heure des vœux et des suppliques. « Il faut que vous, les médias, nous aidiez à remobiliser le camp des oui à l’Europe, on ne l’entend plus », lance le social-démocrate allemand. Suit une séance de selfies, et le président repart prestement en réunion.
Avec ses vingt-deux ans d’eurodéputé au compteur, cet infatigable défenseur de la démocratie européenne incarne à merveille le camp des « européistes » – ces chevaliers de la nécessité et de la grandeur du projet européen. Mais les membres du « club » vont mal.
Désormais, eux aussi doutent. Crise grecque, crise des migrants, montée des populismes, fossé politique et culturel béant entre l’Ouest et l’Est, le Nord et le Sud, risque de « Brexit »… Presque tous disent aujourd’hui leur réelle crainte de la « désintégration ».
« L’heure est très grave »
Le dîner entre le président Hollande et la chancelière Merkel, dimanche 7 février, au Pont Corbeau, une bonne table strasbourgeoise, suffira-t-il à calmer leurs angoisses ? Sûrement pas. Le couple franco-allemand a juste fait le point sur les dossiers...Suite