L'Allemagne, la Turquie et la Grèce ont demandé mercredi aux autres pays de l'Otan leur accord pour une mission de surveillance en mer Egée afin d'avoir une "vision claire" de l'activité des passeurs de migrants, selon une source gouvernementale allemande.
"L'Allemagne, la Grèce et la Turquie ont fait une demande commune d'une mission de surveillance en mer Egée", a indiqué cette source à Bruxelles.
L'objectif est d'avoir "une vision claire de la situation sur la côte turque", où l'activité des passeurs de migrants est florissante, grâce au partage en temps réel de renseignements, a-t-elle précisé.
Si une telle opération de surveillance frontalière voyait le jour, ce serait une première pour l'Otan, organisation militaire défensive qui avait jusqu'à ce jour refusé de s'impliquer directement dans la grave crise migratoire que connaît l'Europe, sans précédent depuis la deuxième guerre mondiale.
Cette proposition a été soumise au secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, qui en informera jeudi les 28 ministres de la Défense de la coalition militaire menée par les Etats-Unis, réunis à Bruxelles, dans l'espoir qu'ils puissent l'endosser dans la foulée.
L'opération doit ensuite encore être mise sur pied par les autorités militaires de l'organisation, où toute décision nécessite le consensus. Berlin, Athènes et Ankara espèrent que "ça ira vite", selon la source allemande.
L'Allemagne dirige actuellement un groupe de navires de guerre de l'Otan croisant en Méditerranée orientale, qui seraient engagés pour cette opération destinée à compléter le travail de l'agence européenne de surveillance des frontières de l'Union européenne, Frontex.
Si elle est mise sur pied, la future opération serait commandée par l'Allemagne. Des navires militaires grecs et turcs y participeraient, mais ils opéreraient chacun dans leurs eaux territoriales nationales. Le Danemark a également prévu de contribuer avec un vaisseau, selon la source gouvernementale.
Le patron de l'Otan avait assuré mardi que les ministres de la Défense étudieraient "très sérieusement" la demande, formulée la veille à Ankara par la chancelière Angela Merkel et le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu.
Certains pays membres de l'Otan sont réticents. Ils craignent que l'envoi de marins dans cette zone, obligés en vertu du droit de la mer de secourir toute embarcation en perdition, encourage encore davantage de migrants - dont de nombreux Syriens chassés par la guerre - à prendre la mer.
Mais selon la source allemande, la Turquie a accepté que les personnes secourues en mer durant cette opération navale soient renvoyées sur son sol.
10 fév 2016
Source : AFP