L'Otan va tenter de ralentir le flux de migrants et réfugiés arrivant en Europe en lançant une mission navale contre les réseaux de trafiquants en mer Egée, ont annoncé jeudi les ministres de la Défense de l'Alliance.
Alors que le nombre de Syriens fuyant la guerre dans leur pays via la Turquie ne cesse de croître, l'Union européenne cherche désespérément un moyen de contrôler une crise des migrants qui a déjà remis en cause le principe de libre-circulation dans l'espace Schengen.
La mission navale de l'Otan, dont les détails doivent encore être validés par les généraux de l'Alliance, devrait agir en coordination avec l'agence de protection des frontières extérieures de l'Union européenne (Frontex) et avec les garde-côtes grecs et turcs.
Contrairement au dispositif européen, qui achemine les migrants vers les côtes européennes, la mission de l'Otan prévoit de les ramener en Turquie même s'ils sont récupérés dans les eaux territoriales grecques.
"Ils ne seront pas emmenés en Grèce et c'est une différence primordiale", a dit le ministre britannique de la Défense, Michael Fallon.
Le deuxième groupe maritime permanent de l'Otan dispose de cinq navires actuellement stationnés près de Chypre. Dirigé par l'Allemagne, il comprend des bâtiments canadien, italien, grec et turc.
Le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg, a indiqué qu'ils seraient prochainement déployés en mer Egée, d'autres bateaux étant ensuite susceptibles de les rejoindre.
Le Danemark devrait notamment fournir un navire, dit-on de source gouvernementale allemande. Les Pays-Bas pourraient également contribuer à la mission.
Le commandant suprême de l'Alliance, le général américain Philip Breedlove, a déclaré que les navires étaient en cours d'appareillage et que leur mission serait précisée pendant leur voyage vers la mer Egée.
"Il faut environ 24 heures", a-t-il dit.
L'officier américain a également déclaré que l'Otan surveillerait les passeurs à la frontière syro-turque.
"Il existe un réseau criminel qui exploite ces pauvres gens et il s'agit d'un trafic organisé", a déclaré le secrétaire à la Défense américain, Ashton Carter, lors d'une conférence de presse organisée pendant une réunion des ministres de la Défense de l'Otan à Bruxelles, où cette idée a été pour la première fois débattue.
"Cibler (ce réseau) est le meilleur moyen d'obtenir des résultats. C'est le principal objectif de (la mission)", a-t-il ajouté.
PAS D'ACTION MILITAIRE
Plus d'un million de réfugiés et migrants sont arrivés en Europe l'an dernier et l'Allemagne, qui a accueilli la grande majorité d'entre eux, s'inquiète de voir qu'en dépit d'un accord conclu avec la Turquie en novembre, les arrivées continuent à un rythme toujours plus élevé.
La ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, a déclaré que Berlin participerait à la mission de l'Otan aux côtés de la Grèce et de la Turquie, tandis que les Etats-Unis ont apporté leur soutien à ce projet.
"Il est important que nous agissions désormais rapidement", a souligné Ursula von der Leyen devant la presse.
De sources diplomatiques, on précise que l'Otan ne devrait pas agir militairement contre les réseaux de trafiquants, mais transmettre les renseignements qu'elle recueille aux garde-côtes turcs, l'Alliance comme l'UE ne souhaitant pas donner l'impression que les réfugiés sont désormais considérés comme une menace.
Les bateaux grecs et turcs ne quitteront en outre pas leurs eaux territoriales respectives, compte tenu des relations difficiles entre ces deux pays, ajoute-t-on.
11 fév 2016
Source : Reuters