Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bert Koenders, en visite en Macédoine, s'est prononcé dimanche contre la fermeture des frontières aux migrants, et a plaidé en faveur d'un "contrôle efficace".
"Certains pays membres (de l'UE) ont exhorté la Macédoine à fermer sa frontière avec la Grèce (...) Un contrôle efficace des frontières est plus important en ce moment que d'envisager leur fermeture", a déclaré M. Koenders, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne.
A l'issue d'une rencontre avec son homologue macédonien, Nikola Poposki, à Skopje, M. Koenders a souligné qu'il était "très important de poursuivre au sein de l'UE le processus de coopération à ce sujet".
Le ministre néerlandais s'est rendu en Macédoine, pays qui se trouve sur la "route balkanique" des migrants souhaitant rejoindre l'Europe occidentale, deux jours après son homologue autrichien Sebastian Kurz qui avait, pour sa part, demandé aux autorités locales d'être prêtes à "stopper" le flux migratoire.
"Le plafond de migrants que l'Autriche a fixé pour 2016 (37.500 personnes, ndlr) sera fort probablement atteint dans les quelques mois à venir et l'Autriche devra alors stopper les migrants à ses frontières", avait affirmé M. Kurz.
M. Koenders a affirmé que son pays allait continuer à travailler "avec l'Autriche, la Macédoine, mais aussi avec la Grèce" pour chercher une "solution efficace" et "éviter un effet domino et une situation incontrôlable".
Les pays de l'UE sont à la recherche d'une solution durable à la pire crise migratoire depuis 1945, qui a vu affluer plus d'un million de personnes sur son territoire en 2015. Le sujet sera au menu du sommet des dirigeants européens à Bruxelles les 18 et 19 février.
"Nous allons justement discuter (au sommet) comment éviter des mesures unilatérales", a souligné M. Koenders, qui s'est rendu plus tard dans la journée dans un centre de transit de réfugiés à Gevgelija (sud), à la frontière entre la Macédoine et la Grèce.
Il y a interrogé des réfugiés sur leur périple, a constaté une journaliste de l'AFP. Maljasa, 36 ans, a raconté fuir avec ses quatre fils Homs, dans le centre de la Syrie, où elle a laissé son mari. "Nous allons en Allemagne. Des proches et des amis nous y attendent. J'ai dû partir pour sauver mes fils. Là-bas c'est un enfer", a-t-elle dit.
La Macédoine a commencé en novembre à filtrer les migrants, en autorisant uniquement ceux venant des pays en guerre (Syrie, Afghanistan et Irak) à entrer sur son territoire pour poursuivre leur périple vers l'Europe occidentale.
Entre 2.000 et 3.000 personnes franchissent chaque jour à Gevgelija la frontière gréco-macédonienne, selon les autorités locales.
Fin janvier, les autorités macédoniennes ont davantage limité le passage, laissant passer uniquement les réfugiés qui affirment vouloir demander l'asile en Allemagne et en Autriche.
L'armée macédonienne a entamé lundi de nouveaux travaux pour renforcer la clôture barbelée à sa frontière avec la Grèce, afin de mieux maîtriser le flux de migrants illégaux.
14 fév 2016
Source : AFP